Cependant, les preuves sont maigres : pas de sang, seulement un témoignage d’un homme qui aurait eu l’idée de relever la plaque minéralogique … Dans l’esprit des femmes de la famille, et en particulier de sa belle-sœur Liz qui vit chez le couple depuis des années, s’insinue l’idée qu’il ne peut pas être le coupable de cette horreur, que cela ne correspond nullement avec sa personnalité très quelconque … encore que l’on découvre peu de temps après le verdict que ce comptable sans histoires a détourné une forte somme chez son employeur.
Comment peut-on donc vivre vingt ans avec un homme sans se douter de rien ? Comment surmonter une telle épreuve ? Comment remonter le fil de cette enquête bâclée à la base ?
Le principal mérite de cette intrigue est sa construction. A aucun moment n’apparaît William Drever. Toute l’action est concentrée sur les femmes qui l’entourent. On passe d’un personnage à l’autre, jusqu’au dénouement, naturellement totalement inattendu … Du grand art, mais un peu daté aujourd’hui. L’étude psychologique des protagonistes est très fouillée. On comprend l’appréciation de Simenon.
Une dernière question : pourquoi rééditer ce polar ? N'y a-t-il pas assez de manuscrits contemporains et originaux disponibles ?
Les trois meurtres de William Drever, (The Distaff Factor), polar de John Wainwright (1982) traduit de l’anglais par Clément Baude, éditions Sonatine. 239 p., 21€