Opposition

Publié le 16 août 2008 par Jlhuss

…  à quoi ?

Une enquête qualitative a été réalisée entre le 10 et le 18 juin 2008, à partir d’une série d’entretiens approfondis, conduits auprès d’électeurs de la gauche socialiste, des Verts et de la gauche radicale, ayant voté pour Ségolène Royal au second tour de la présidentielle de 2007 .

Il apparaît qu’une fraction de plus en plus importante ne distingue plus très clairement les clivages. Un an après l’élection présidentielle, c’est la désillusion qui prédomine, mais pour autant l’opposition ne semble pas en profiter.

Qui s’oppose ? Quand la question est posée, les partis politiques de la gauche n’existent pas. PS, Verts, PC : pas vus, pas entendus !

Pire : quand le mot opposition est employé dans ces entretiens, c’est pour évoquer des oppositions internes au sein de ces partis ! Et le phénomène est identique lorsque sont abordées les questions les syndicales.

Pour résumer, on a l’impression que la notion même « d’opposition nationale » est en train de disparaître. Une exception cependant, Olivier Besancenot, pas son parti, l’homme ; il est jugé « en pointe » contre Sarkozy ; il est « visible, lisible, simple … » Mais sa crédibilité n’est pas au top. « Son discours entraîne parce qu’il est agréable à entendre. Il réactive les mythes de l’égalité sociale. Mais il n’est pas un opposant, il est un résistant. »

Pour Ségolène, c’est bien triste pour elle, mais elle appartient déjà, semble-t-il, au passé. Elle donne l’impression de rejouer une partition connue et éculée. Bertrand Delanoë me semble un peu mou, assez « langue de bois » et au total peu crédible en matière d’efficacité anti-Sarko à long terme, même si les derniers sondages le place en tête des “opposants”. On ne m’empêchera pas de penser qu’il a une tête de “faux-cul” qui ne résistera pas à l’épreuve de la TV itérative.

En fait les électeurs de gauche sont écartelés entre des aspirations contradictoires. Certains demeurent attachés à des valeurs idéologiques « lourdes », d’autres se déplacent vers des attentes plus pragmatiques ou les repères classiques de gauche se « pastellisent ». L’ouverture fait le reste ; elle a tendance à accentuer la dissolution des repères. En ce sens elle valide la “tactique” Sarkozy : « L’offre politique s’est étiolée; que ce soit sur l’économie ou le social, sur la sécurité ou la politique étrangère, elle n’a plus, à droite comme à gauche, la lisibilité d’il y a un an. »

Dans un autre domaine on a l’impression que les Français ont redécouvert la dimension du Monde. A travers les crises financières, les questions climatiques, la crise pétrolière, les « faillites alimentaires » nos compatriotes se rendent compte, enfin, qu’ils appartiennent à une planète complexe et qu’ils ne sont pas les seuls sur cette Terre. « Dans les enquêtes, invités à s’exprimer sur des sujets d’actualité les interviewés commencent à parler de faits survenus loin de chez eux, qu’ils ont vus à la télévision, avant de témoigner de ce qui se passe autour d’eux. L’échelle de la planète devient prépondérante. »

Dans un tel contexte on comprend l’embarras des ténors du PS à quelques mois du remplacement de leur premier secrétaire, dont l’habileté pour créer des “synthèses” à défaut d’éfficacité pour les faire gagner, n’était plus à démontrer.