Nous les vagues, de Mariette Navarro (éd. Quartett)

Publié le 15 février 2023 par Onarretetout

Nous les vagues, c’est d’abord NOUS, c’est l’action collective, quand nous voulons faire entendre nos voix, chanter pour scander notre marche, aller de l’avant, jusqu’au fracas -comme « les chevaux de la mer », que chante Léo Ferré (paroles de Jean-Roger Caussimon), et qui « fracassaient leurs crinières devant le casino désert » -, parce que, devant nous il y a le désert, les bureaux vides où dorment des dossiers et des calculs qui ne nous calculent pas pour justifier les décisions qui nous menacent. Et, dans ce nous, il y a des voix qui s’élèvent un peu plus, d’autres qui s’impatientent, d’autres encore qu’accompagnent des mains qui se touchent. Et il y a toi et il y a moi : « Laisse-moi te parler au futur ». Alors, ça y est, ce n’est pas pour maintenant ? Il faut quand même tenir ! Et je serai là encore, à ne pas vouloir devenir « vieux comme l’hiver » (encore Léo Ferré), à attendre le printemps. 

Ce texte de Mariette Navarro prend une puissance différente selon qu’il est porté par plusieurs voix ou par une seule. C’est un soulèvement. Elle l’a écrit en Algérie juste avant ce qu’on a nommé « les printemps arabes », et je suis moi-même surpris d’y faire référence à Léo Ferré chantant « Comme à Ostende ». Un effet des vagues sans doute, du sud au nord, des « gars d'la bande » qui « se sont perdus », et de la question de savoir « si ça vaut l’coup d’vivre sa vie ».