BIPOLAR CLUB au Barbe à PLOUHA Samedi 11 Février 2023
Depuis un moment déjà, le Barbe nous gratifie d'un programme impeccable et je défie quiconque de crier 'La barbe!' (si ce ne sont quelques mauvais emmanchés, bien rasés si ça se trouve!).
En un an à peine, le bar s'inscrit dans le paysage local avec une solide réputation chaleureuse et rock 'n' roll.
Il parait qu'Arnaud cherchait à booker Bipolar club depuis l'été passé déjà.
Le groupe se forme début 2021. L'EP 5 titres 'Issue', a trouvé la sortie très tôt, avec personnalité.
Réglé comme du papier à musique (normal vous me direz!), les musiciens s'installent sur scène vers 20H35 (mine de rien, c'est appréciable de ne pas trop poireauter, on a tout le loisir de boire une bière(s) avec les artistes après).
Gab - chant, guitare
Ben - guitare
Flo - batterie
Mégane - basse
Les gars de Toulouse, mais pas vraiment (ils s'y sont seulement installés), ne sont pas que mâles puisqu'une jeune femme, aux cheveux longs bruns et tout de noir vêtue, tient la basse.
Quoi? Un mâle pour une bien? Pas bien compté, c'est trois fois plus!
A côté de Mégane, un carton scande 'Plus de femmes sur scène!' et j'aperçois la traduction anglaise plus bas ('More women on stage') pour leurs futures tournées européennes...
Leur musique?
Ils appellent ça : 'Rock Dichotomique' (une méthode pour trouver efficacement une ligne par division successive d'une grande liste).
Eux, ils ont trouvé leur ligne directrice : un mélange de post-rock, noisy, teinté de métal... et ça déménage!
Les gratteux actionnent, au pied, leur rack(ordes) et l'électricité gicle instantanément (y'en a encore!).
Dès 'The bitter fall', les accords de guitare sonnent l'amertume. Les baguettes frappent lourdement et énergiquement. Le percé Flo ne se dégonfle pas.
Le chant de Gab traine sombrement. Le morceau alterne passages retenus et lâché d'adrénaline, une constance pour le groupe.
Le démarrage se fait sur des œufs (durs quand même) mais bientôt les sauts ragent...
Le public, aux bracelets noirs, embarque dans 'Train', le groupe prend confiance et monte en puissance.
Gab invite les gens à s'approcher... pour contrôler les tickets? Non, il argue que c'est un concert rock (les bretons sont timides, c'est bien connu mais après quelques bières, ça va mieux!).
A nouveau, l'alternance agit insidieusement sur 'Out of my hands', temps faibles rampants et attaque rapide et violente, le côté bipolaire des artistes sans doute...
Le titre, tendu, déclenche des soubresauts, autant parmi les musiciens que les spectateurs. Tomber la chemise, décide Flo, découvrant ses nombreux tatouages.
Ben décoche des flèches acérées à la guitare et Gab hurle (de douleur?). Mégane se tord, mèche sur les yeux, et balance des obus à la masse avec sa basse.
Complètement fascinant!
'Idiocracy' déclenche un début d'hystérie collective.
Le club sait chanter en français dans une lente 'Agonie'.
Yvette crie ' Vous avez pas tellement l'accent!'. Réponse spontanée : ' C'est pas top pour l'anglais... même pour le français d'ailleurs...'.
Pas très R&R peut-être, pourtant j'aime bien ce timbre ensoleillé du Sud (on dirait) qui ne colle pas forcément à ce climat sur scène, bien couvert et tempétueux (non, le canadien, j'ai pas dit 'Vancouver'!), tout comme la voix de Gab (pas toujours distincte).
On ne lâche pas le français et on peut se regarder dans 'Miroir'. La piste, insidieuse, aux aguets, ouvre grand la gueule et plante ses morsures.
Flo tâte les bords du cercle... pas la place pour un circle pit mais y'en a que ça démange!
Le cri, écorché, flirte avec l'extinction de la voix. Mégane allume sa mèche et lâche des étincelles.
On autorise une pensée pour Sonic Youth, les belges de It it Anita, ou nos français Lysistrata voir MNNQNS.
Le thème martial à la batterie annonce aussitôt une plage orageuse. La guitare trace des éclairs dans les nuages chargés.
Le chant, étrangement calme, semble nous cacher quelque-chose. Avec 'Nothing', nous ne sommes pas si loin du spleen désintégré de The Cure et ça me touche!
A mi-trip, le ton se durcit et la voix s'arrache sur les pics de guitare perçants pendant que la rythmique fait bloc. Un pavé monolithique!
On plonge ensuite dans Ocean, un nouveau single extrait du prochain disque.
Le morceau démarre tel une déflagration, tous instruments ensemble, guitare en éruption.
Ben n'arrête pas de sauter, maltraitant sa 6 cordes tout en tirant des sons déchirants.'
Flo ramone avec des roulements et des jongleries aux baguettes (dès qu'il a deux secondes!).
Mégane met du chœur au micro, barrant sa filiforme d'une haute Rickenbacker.
Forcément, 'Insomnie' ne vous laissera pas dormir sereinement, Gab le confirme au public hésitant...
'Back in the hole'.
L'ambiance du bar, chauffé à blanc, monte encore d'un cran. Les mouvements ondulés du début laissent place à des à-coups, proche du headbang.
'Movie song' démarre, morbide, au fond du trou (ah non, c'était la compo précédente) avec des frappes comme des tambours. Le filet de la voix s'enfonce derrière une guitare arachnéenne.
Les baguettes font des bruits de pattes d'araignées qui s'entrechoquent... vous avez déjà entendu ça?
Très angoissant, j'ai peur, le fil est tendu!
Un arpège aérien emporte dans les airs la voix lointaine. Un riff inquiétant vient prendre la place.
Les frappes claquent méchamment et la trame part dans un tournoiement furieux.
'Vertigo' déclenche une crise épileptique. Je remarque tous ces malades, secoués autour de moi!
Un sourire de maniaque leur tord le visage... Epouvantable mais puissant!
Une corde, au son désaccordé, amorce une combustion.
Un grondement explosif enchaine à la suite de caresses vicieuses, sur la gratte, cachées derrière des frappes rigides.
Puis des saccades prennent le dessus sans 'Issue'. Bref, mais terriblement intense!
Le rappel pour 'Insomnie' était prémédité, oui alors compte-tenu de l'ambiance survoltée, rebelote, ils nous offrent une seconde piqûre de rappel d'un autre titre pour bien nous soigner (nous saigner?)...
On transpire, on s'essuie, set et match! L'assistance, radieuse, semble atterrir après un plongeon pour un dernier smash.
Retour au calme et à une vie 'normale'...
Bien organisés, les musicos mettent en évidence leur merch assez varié. Ils n'en font pas des caisses même si la caisse métallique est pleine.
Souriants, ils viennent rassurer le badeau, non, ils ne sont pas bipolaires (ou alors on est tombé sur leur côté pôl...i!).
Leur prochain EP 'Vertigo' sort la semaine prochaine et va, immanquablement, casser la baraque (ah vous pensiez que j'allais référencer les vertiges de l'amour?)...
Cassez la baraque que vous voulez, mais laissez-nous 'Le barbe' sur pied svp!