L'édito du dimanche : Iva Jovic, la valeur montante

À l'heure où le tennis américain féminin se retrouve dans une période de transition flottante ayant suivi la retraite de Serena Williams et tandis que la nouvelle génération tarde à trouver le bon rythme, une éclaircie est arrivée ces dernières semaines d'Amérique latine où l'on vit une jeune californienne de quinze ans enchaîner les victoires comme des perles. Son nom est Iva Jovic et demain, elle fera pour la première fois son entrée dans le top 10 du classement Juniors. La native de Torrance, au sud de Los Angeles, a en effet réalisé un exploit pas si courant en atteignant à chaque fois la finale dans les trois derniers tournois auxquels elle a participé, San Jose, Salinas et Barranquilla, respectivement disputés au Costa Rica, en Équateur et en Colombie, tous classés en catégorie J300, soit les compétitions les mieux dotées sur le circuit Juniors après les tournois du Grand Chelem et les J500 (qu'on peut considérer comme étant l'équivalent des WTA 1000 chez les professionnelles). Encore mieux, Jovic s'est imposée dans deux de ces trois tournois (San Jose et Salinas) en ne cédant en tout et pour tout q'un petit set. Il n'y a guère que la péruvienne Lucciana Perez Alarcon, actuelle vingt-quatrième mondiale, qui ait réussi à la stopper en finale à Barranquilla alors que l'américaine semblait avoir la main mise sur le tournoi après avoir humilié ses adversaires les unes après les autres, avec quelques 6/0 à la clef.
Trois tournois disputés, trois finales dont deux conclues victorieusement. On peut dire que 2023 débute on ne peut mieux pour Iva Jovic, ce qui n'est pas si surprenant si l'on y regarde bien puisque la californienne née en décembre 2007 est dans la droite lignée d'une année 2022 remarquable pour elle, surtout à partir du printemps lorsque les succès ont commencé à s'enchaîner. Une victoire au tournoi de Las Vegas, suivie d'une demi-finale au prestigieux Easter Bowl à Indian Wells (où elle joua en étant surclassée chez les moins de dix-huit ans), puis une autre demi à l'Orange Bowl, l'avaient placé sous le feu des projecteurs alors qu'elle n'en était pas à son premier fait d'armes. Ainsi dès 2021, alors qu'elle effectuait ses grands débuts sur le circuit Juniors, elle atteignait trois finales dont celle de l'Orange Bowl dans la catégorie des quatorze ans et moins qu'elle remporta brillamment 6/3 6/0 contre sa compatriote Shannon Lam. L'on découvrait alors sur le podium des récompenses cette petite adolescente au sourire timide tandis que l'on sentait en même temps l'immense potentiel qui se dégageait d'elle.
Iva Jovic n'était pas présente à l'Open d'Australie Juniors cette année. Dommage, se diront certains, tant on aurait aimé la voir affronter les terreurs russes Alina Korneeva et Mirra Andreeva. Ce n'est sans doute que partie remise. La jeune américaine a en effet choisi la voix de la patience en allant quérir un peu plus d'expérience et de confiance dans les difficiles épreuves de la tournée sud-américaine, souvent relevées. Un choix qui s'est finalement avéré payant au vu des résultats que l'on sait. Reste à savoir maintenant si la forme du moment va lui permettre de viser plus haut, surtout que les prochaines grandes échéances approchent, le Banana Bowl dans trois semaines, l'Easter Bowl dans un peu plus d'un mois. Encore peu expérimentée à l'échelon supérieur, bien qu'elle soit parvenue l'été dernier à atteindre la finale du tournoi ITF W15 de Los Angeles, Iva Jovic préfère se donner le temps de progresser pas à pas, sans griller les étapes. Une stratégie qui pourrait déboucher sur de nouvelles victoires et la promesse d'un avenir radieux.