La vie d'un salon de coiffure au Cambodge, c'est un peu comme partout : on y parle, entre lavage et soins, de la vie quotidienne, des plaisirs et des soucis. Ici, ce sont les coiffeuses qui se parlent. Et, sans le faire de manière très ostensible, il y est d'abord question de cinéma et du rapport du cinéma et de la vie. Il y a cette question, à propos d'un film regardé sur un téléphone portable : "est-ce qu'on peut se toucher quand on parle d'amour dans un film ?" Et c'est bien la question centrale. Les yeux maquillés sur une affiche pourraient laisser croire que le cinéma ne s'adresse qu'à la vue. Mais le long plan consacré au lavage des cheveux du jeune homme qui vient à la fin du film, allongé pour le shampoing, se poursuit avec des mains qui se caressent avant le repas partagé dans un restaurant (dehors il pleut). J'y vois la réponse à la question : bien sûr le cinéma parle des corps, montre les corps, et les corps se touchent, comme dans la vie, comme dans le salon de coiffure où une jeune femme n'ose rien raconter de sa nuit de noce.
J'ai vu ce court-métrage sur proposition de MK2 Curiosity où il est visible gratuitement jusqu'au 9 février 2023.