À l'issue d'un appel à candidature lancé en novembre dernier, et qui a obtenu 96 réponses, 5 membres permanents et 7 membres tournants (désignés pour un minimum d'un an), représentant une vaste palette d'expertises (légale, technologique, en intelligence artificielle, éthique…) et d'antécédents (académique, investissement, consulting, défense des consommateurs…), ont finalement été sélectionnés en vue de faire partie de son tout nouveau conseil de l'innovation, qui doit se réunir pour la première fois ce mois-ci puis entamer un cycle de rencontres récurrentes.
La mission assignée à ce petit groupe d'experts sera (logiquement), de manière générale, d'éclairer les travaux courants du régulateur et, plus précisément, d'aider à cadrer sa vision de l'innovation dans le secteur financier. Concrètement, il s'agit de s'assurer que les décisions, en principe destinées à contribuer au progrès global, sont prises en toute connaissance de cause et sur la base d'une information correcte et extensive, surtout lorsqu'elles impliquent des concepts mal maîtrisés et parfois sujets à avis préconçus.
En l'occurrence, le besoin ne se limite pas à l'enrichissement des compétences internes de la FCA, qui, selon toute probabilité, dispose d'un vivier de spécialistes au sein de ses effectifs et peut en outre aisément s'appuyer sur son écosystème si elle ressent la nécessité d'ouvrir ses horizons. L'enjeu ressort peut-être plutôt du rétablissement d'un indispensable équilibre face aux multiples pressions que subit une institution dans sa situation : la nomination d'une équipe elle-même diverse devrait être capable de produire des résultats relativement objectifs, au bénéfice de toutes les parties prenantes.
Quand elle ne concerne pas leurs propres velléités de transformation, l'innovation est une discipline extrêmement complexe pour les autorités de tutelle, car elles se voient contraintes d'anticiper toutes ses conséquences sans avoir le loisir de piloter directement les expérimentations requises pour valider différentes hypothèses. Elles risquent alors soit d'adopter une attitude de blocage systématique néfaste à toute modernisation, soit de laisser tout faire et de découvrir trop tard les impacts négatifs de leur insouciance.
Avec le nombre et la variété des défis que l'industrie sera appelée à relever à court et moyen terme, entre, par exemple, les technologies émergentes, l'inclusion financière et le développement durable, les démarches traditionnelles à base d'analyse réalisée par un professionnel du domaine considéré sont de plus en plus difficiles à maintenir à un niveau d'excellence adéquat, conduisant fréquemment à des choix retardés ou des arbitrages en demi-teinte (ou influencés). Son conseil de l'innovation représente vraisemblablement pour la FCA une piste de solution à cette dérive de plus en plus manifeste.