L'index senior du gouvernement dans le cadre de la réforme des retraites met en fureur les organisations patronales. Auraient-elles peur de voir révéler que les seniors font de moins en moins partie de leurs effectifs et que l'argument du sauvetage du système des retraites n'est qu'une parfaite hypocrisie ?
Perdre son emploi au delà de 55 ans est la pire des choses qui puisse arriver à un salarié. En effet, c'est l'âge où les entreprises brandissent leurs habituels arguments sur le manque de formation, d'adaptabilité, de risque de maladies et de prétentions salariales trop élevées. Pour vendre sa réforme, le gouvernement insiste sur les moyens de maintenir les seniors dans l'emploi jusqu'à 64 ans et plus. Problème, les entreprises qui soutiennent la réforme se défilent.
Le 24 janvier dernier, nous évoquions l'unique solution proposée par le gouvernement : un index seniors. Cet index, applicable dans un premier temps aux entreprises de 1000 salariés devait être étendu à celles de 300. Rappelons que cet index est une mesurette cosmétique et qu'une éventuelle sanction serait appliquée aux seules entreprises qui refuseraient de le publier. Les PME qui représentent la majorité des entreprises se trouvaient majoritairement exclues du dispositif et n'avaient donc aucun compte à rendre sur leurs effectifs.
Les syndicats de salariés ainsi que nombre d'élus de tous bords se sont élevés contre le peu d'impact de cette mesure ce qui a poussé plusieurs ministres dont la Première à envisager d'élargir l'index en dessous de 300 salariés et hier soir à évoquer, éventuellement, le chiffre de 50 salariés.
Fureur du président de la CPME dans un communiqué de presse : « Placer les PME sous surveillance en brandissant la menace de sanctions ne résoudrait en rien le problème. Et ne ferait qu’instituer de la défiance au lieu de rétablir de la confiance. Les petites entreprises ne peuvent ni ne doivent servir de variable d’ajustement dans le débat parlementaire en cours »
Le même président égratignant au passage les grandes entreprises adhérentes au concurrent MEDEF : « Et ce, d’autant plus qu’il est évident que les « plans de départs volontaires » incitant les seniors à quitter l’entreprise, ne les concernent pas (les PME)»
A notre connaissance, pour l'instant, la seule variable d'ajustement ce sont les salariés à qui on veut imposer deux ans de travail supplémentaires. De plus, les sanctions concerneraient le refus de publication de l'index. Alors pourquoi cette réaction ?
Tout simplement parce que la CPME, comme le MEDEF, craint que l'index ne révèle le fait que les entreprises quelle que soit leur taille, ne jouent pas le jeu du maintien de l'emploi des seniors. Dans ce cas, à quoi aura servi cette réforme si ce n'est pousser un peu plus de seniors vers la précarité ?
La réalité c'est que les entreprises adhérentes ou non au MEDEF ou à la CPME n'ont absolument aucune envie de prolonger les seniors à l'effectif ou d'en recruter. Et les organisations patronales le savent. C'est pourquoi elles jouent les vierges effarouchées et promettent monts et merveilles à condition de les laisser faire et de percevoir de nouveaux subsides de l'état.
La CPME parle de "pragmatisme" en opposition au "dogmatisme" qui animerait le gouvernement.
C'est au nom de ce fameux pragmatisme que moins de 35% des salariés à partir de 60 ans ont encore un emploi. C'est au nom de ce pragmatisme que la plupart des seniors proches de la retraite pointent à Pôle Emploi ou perçoivent les minima sociaux en attendant le départ à la retraite.
La technique du : « c'est pas moi c'est l'autre » et celle du : «nous avons un travail important à faire pour améliorer les choses à condition que l'état nous verse des subsides » ont des limites. Celles du respect des salariés qui ont donné 30 ou 40 ans de leur vie à des entreprises et se retrouvent dans un no man's land.
Si le maintien des seniors dans l'emploi demande autant de temps aux entreprises pourquoi n'ont t-elles pas travaillé sur le sujet depuis longtemps ? Si un senior remplit parfaitement sa tâche sur la durée pourquoi l'état diminuerait- il leurs cotisations sociales ?
Le Président de la République et son gouvernement savent parfaitement, chiffres à l'appui, que les entreprises ne feront aucun effort en contrepartie du report de l'âge de départ à la retraite. L'index senior fera long feu, les entreprises satisfaites expliqueront qu'elles ont encore besoin de plus de temps pour mettre en place des dispositifs seniors et en appelleront à l'état pour les financer … CQFD !
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