Quatrième de couverture :
Dans l’un des secteurs les plus passants de Glasgow, devant la gare routière, un garçon d’à peine vingt ans ouvre le feu sur l’inspecteur McCoy et sur une jeune femme, avant de retourner l’arme contre lui. La scène se déroule sous les yeux de Wattie, l’adjoint de McCoy. Qui est ce mystérieux garçon ? Quel est le mobile de son acte ? C’est ce que les deux policiers vont s’efforcer de découvrir, malgré l’opposition de leurs supérieurs. Une enquête en forme de déambulation dans une ville âpre, noire, parfois désespérée et pourtant palpitante d’humanité. Une ville qui vous saute à la gorge et ne vous lâche pas.
Il y a un an, j’ai découvert L’enfant de février et le projet d’Alan Parks de raconter la ville de Glasgow dans des romans noirs au fil des mois de l’année 1973. Il me fallait donc découvrir le premier de la série.
On est dans le dur ici, dans une ville presque figée dans la neige et le gel, et cela donne une couleur particulière aux quartiers les plus pauvre, les plus délabrés de Glasgow, en pleine transformation urbaine. C’est devant la gare routière qu’éclate le drame de départ : l’assassinat d’une jeune femme et le suicide de son meurtrier. La jeune femme se révélera être une serveuse qui se prostituait et avait été entraînée dans des parties fines de notables, son meurtrier est un jeune de l’assistance publique qui venait de se faire embaucher comme aide-jardinier chez le plus riche industriel de Glasgow, lord Dunlop. L’enquête rappelle ses pires souvenirs à l’inspecteur McCoy : lui-même placé en institution très jeune, il n’a dû son salut qu’à la protection de Stevie Cooper, devenu un caïd de la pègre locale. McCoy est sans cesse tiraillé entre son métier de flic, du côté de l’autorité et de son adjoint Wattie qu’il et censé initier « réglementairement », et la loyauté trouble qu’attend de lui Cooper.
Des prostituées, des femmes mal traitées, du mépris, de la drogue, une violence souvent aveugle, ce roman n’en manque pas et est vraiment noir. On suit, halluciné, les pas de Harry McCoy, flic borderline, souvent imbibé d’alcool et de coke, mais tenace (buté) dans sa lutte contre l’impunité des riches et des puissants qui se servent des autres comme d’une marchandise sans valeur. On se demande aussi s’il y aura une suite à sa rencontre chaotique avec une thésarde féministe. Et question noir, humour noir, on est bien servi aussi (un peu de légèreté et d’autodérision quand même, ça ne fait pas de tort.)
« Il s’approcha de la fenêtre, la dépoussiéra un peu avec sa main et regarda la route menant à Bishopbriggs et à ses hectares de nouvelles maisons Wimpey. Spam Valley, surnommait-on cette banlieue. Les gens qui habitaient là-bas avaient mis une telle part de leur argent dans leur maison qu’ils n’avaient plus les moyens que de manger autre chose que du pâté en boîte. Les lumières commençaient à s’allumer en bas dans la ville, déjà sombre à quatre heures de l’après-midi. Janvier à Glasgow. » (p. 85)
« McCoy s’assit sur le le lit et lui prit la main. Ça sentait l’aigre, les draps sales. Combien de fois s’était-il retrouvé dans une piaule comme celle-ci, pour annoncer une mauvaise nouvelle à une personne dont la vie était déjà merdique ? » (p. 87)
« Pardon, j’avais oublié que tu étais de l’Ayrshire. Vous n’avez pas de perversions secuelles, là-bas, n’est-ce pas ? Quelques moutons qui errent, l’air inquiet, c’est tout. » (p. 96)
Alan SPARKS, Janvier noir, traduit de l’anglais (Ecosse) par Olivier Deparis, Rivages Noir poche, 2020 (Payot et Rivages, 2018)
Challenge British Mysteries 2023