Le 27 décembre 2021, Pierrick Duchene était victime d'un grave accident du travail au sein de l'entreprise Point. P de Geneston en Loire-Atlantique. Âgé de 51 ans et père de deux enfants, il est décédé quelques jours plus tard des suites de ses blessures. Un an après, sa femme Claudine cherche encore à comprendre les circonstances exactes du drame.
Un homme simple et discret qui aimait rendre service aux autresPierrick était " un homme simple, calme, sans histoire qui aimait rendre service et détestait les conflits. ". Pendant 20 ans, il a travaillé dans l'agroalimentaire au sein de la fromagerie Beillevaire, au Sud de Nantes. A la recherche de nouveaux horaires de travail, il quitte finalement l'entreprise en 2017. " Il y a passé ses plus belles années de travail " se souvient Claudine. Le père de famille aspire alors à trouver un poste avec un rythme de travail moins contraignant.
C'est ainsi qu'il intègre la fabrique de matériaux de construction et de parpaings Point. P située à Geneston. " Une entreprise qui se situe à 7kms de chez nous et qui était plutôt bien réputée à l'époque ". Conducteur de presse automatisée sur une chaîne de production, le quinquagénaire travaille en 2×8 ce qui lui permet de bénéficier de davantage de temps libre en début ou en fin de journée afin de s'adonner à l'un de ses loisirs favoris, le bricolage. " Nous vivons en campagne. Il a construit beaucoup de ce que nous possédons aujourd'hui ".
Pierrick entretien de bonnes relations avec ses collègues, mais quelques mois après son arrivée sur le site, il constate une détérioration des conditions de travail. Le salarié déplore notamment des manquements dans l'entretien des machines (multiplication des pannes, responsable de maintenance non remplacé...). Des changements qui surviennent alors que le groupe Saint-Gobain, dont Point. P est une filiale, connait de profondes mutations.
Un accident avec une machine survenu en l'absence de témoinCe jour-là, Pierrick aurait dû être en congé. Mais le lundi 27 décembre 2021, il accepte finalement un changement de planning. " Un prêté pour un rendu comme il disait... On ne lui rendra jamais ". La journée est consacrée au nettoyage des machines. Sur les coups de 11h, Pierrick s'affaire sur une rectifieuse à parpaings. Mais lorsque son binôme est de retour, il retrouve le quinquagénaire coincé sous la machine alors en marche. Celle-ci aurait pourtant dû être à l'arrêt complet le temps de l'opération de maintenance. Erreur humaine, défaillance technique, l'enquête devra déterminer pourquoi l'engin a été réactivé happant alors le salarié. En l'absence de témoin, l'expertise de la machine devrait permettre d'en savoir davantage.
Seul au moment de l'accident, Pierrick est resté inanimé pendant plusieurs minutes. Un temps important, trop important, au cours duquel son cerveau a manqué d'oxygène. Réanimé par les pompiers, il est ensuite transporté en urgence absolue au CHU de Nantes. Il décède le 2 janvier 2022 après 5 jours de coma. Pierrick avait 51 ans.
Dans l'attente des conclusions de l'enquêteDans les semaines qui suivent, Claudine dépose plainte pour homicide involontaire par personne morale dans le cadre du travail. A cette heure, l'enquête conjointe de la gendarmerie et de l'inspection du travail n'a pas encore été rendue. Elle devrait être transmise au parquet dans les mois à venir. Celui-ci se prononcera alors sur d'éventuelles poursuites.
Un an après la mort de Pierrick nombre de questions restent encore en suspens. " Celle qui me revient le plus, confie Claudine, c'est pourquoi n'y avait-il personne avec lui et pourquoi a-t-il été retrouvé presque une demi-heure après l'accident ? Je ne sais pas non plus à ce jour à qui mon mari a parlé en dernier ou s'il avait pu prendre une pause depuis sa prise de service à 7h du matin. ". Des questions auxquelles personne ne semblent pour l'instant pouvoir ou vouloir répondre.