Le modèle économique de la donnée est bien connu dans l'univers des géants du web, mais son adoption par les institutions financières est probablement moins familier du commun des mortels. Pourtant, en marge des réglementations (de type RGPD) destinées à protéger la vie privée des consommateurs, des usages massifs ont librement cours, après une anonymisation des sources qui satisfait les exigences légales tout en préservant en grande partie la valeur des historiques de dépenses des populations.
Face à ce qui peut paraître une situation d'abus, a minima du point de vue de l'opacité du procédé, Unbanx veut imaginer une autre approche. En l'occurrence, il s'agit pour l'individu de mettre ses précieuses données à la disposition des entités intéressées, mais, cette fois, en toute connaissance de cause et en contrepartie d'une juste compensation. Il lui suffit pour ce faire d'installer le logiciel de la jeune pousse et de connecter ses comptes bancaires via de classiques API « open banking » (fournies par Nordigen).
Les clients ciblés étant les mêmes, les conditions de distribution des informations sont identiques à celles en vigueur dans les banques, notamment en matière de sécurité et d'anonymisation. En revanche, leur propriétaire légitime est systématiquement interrogé avant qu'elles ne soient communiquées à un tiers. Dans l'hypothèse où il accepte le transfert, il se voit créditer de bons d'achat à valoir auprès de grandes enseignes (Amazon, H&M, Ikea, Uber…), à hauteur de 70% du montant perçu par Unbanx.
Si une telle démarche est évidemment pavée de bonnes intentions, son impact réel risque d'être extrêmement décevant. Elle ne peut en effet espérer renverser le marché que si les entreprises désireuses d'exploiter la manne acceptent de changer de pourvoyeur, essentiellement dans un souci d'éthique. Or, dans ce registre, il sera difficile pour la startup irlandaise de lutter contre les poids lourds de la banque, avec leur capital de confiance, leur accès direct à la source, leurs éventuelles offres enrichies…
D'autre part, je m'attarderai, comme toujours, sur la pertinence de l'idée de fond d'Unbanx (et de quelques autres défenseurs des droits des données) : la rémunération apporte-t-elle une réponse adéquate aux excès de l'économie de l'information ? À tout le moins, elle introduit une distorsion de classe (entre ceux qui ont besoin de l'argent et les autres), qui n'est satisfaisante ni dans une perspective politique, ni, vraisemblablement, pour les clients d'un service de ce fait automatiquement entaché de biais incontrôlables.