La cinq-centième traduction de Polyphrène est une première : si la musique et la poésie s'accordent et se subliment pour créer une chanson, une troisième dimension vient rehausser encore l'œuvre lorsque la chanson en question est consacrée à la peinture. Tel est le cas de "Vincent", une chanson de Don McLean dédiée à Vincent Van Gogh. Cette chanson connut un immense succès (au point que le manuscrit original s'est récemment vendu à 1,5 millions de dollars). Don McLean y évoque la vie et le suicide de Van Gogh, mais décrit aussi son œuvre en des termes que ne renient pas les plus grands admirateurs et spécialistes de cet artiste, à tel point que l'audition de cette chanson provoque l'irrésistible envie de redécouvrir ses tableaux. De très belles vidéos sont proposées pour illustrer la chanson, mais il faut noter aussi l'enregistrement de Chet Atkins accompagnant Don McLean.
Plusieurs tableaux célèbres de Van Gogh sont cités ou évoqués, dont "Starry Night", mais l'épine d'argent et la rose couleur de sang ne trouvent pas de correspondance directe dans l'œuvre de Van Gogh (bien qu'ayant inspiré d'autres artistes). Certains y voient une allusion aux modalités de son suicide, de même que l'emploi du pluriel ("they would not listen") pourrait concerner famille, proches, entourage… confrontés aux troubles mentaux dont il souffrait. Le débat reste ouvert, mais l'hommage du chanteur au peintre est justifié et convaincant.
Vincent
Ciel semé d'étoiles
Du gris, du bleu sur ta toile
Tu regardes un jour d'été
Tes yeux voient en mon âme l'obscurité
L'ombre des collines
Arbres et jonquilles s'illuminent
Bise et frimas que tu dessines
En couleur au sol enneigé de blanc
Alors, je comprends
C'que tu tentais de me dire
La folie qui te faisait souffrir
Tu voulais les affranchir
Ils n'écoutaient pas, ne savaient comment
Savent-ils maintenant ?
Ciel semé d'étoiles
Flammèches de fleurs qui brillent
Nuages violets en vrilles
Se reflètent dans ses yeux bleu de Chine
Les couleurs se déclinent
Ambre du grain dans les prés
De labeur visages ridés
Qu'apaisent les mains aimantes du peintre
Et je peux comprendre
C'que tu tentais de me dire
La folie qui te faisait souffrir
Tu voulais les affranchir
Ils n'écoutaient pas, ne savaient comment
Savent-ils maintenant ?
Ils ne pouvaient t'aimer
Malgré ton amour vrai
Et quand il n'y eut plus d'espoir
Dans cette nuit semée d'étoiles
Comme tant d'amants, tu choisis de mourir
Mais j'aurais pu te dire,
Vincent, dans ce monde, une belle âme comme toi n'avait pas d'avenir
Ciel semé d'étoiles
Portraits sur des murs banals
Sans cadre dans de mornes salles
Leurs yeux qui voient le monde et ne peuvent oublier
Comme ces gueux déguenillés
Inconnus jadis rencontrés
Épine d'argent, rose écrasée
Couleur sang sur la neige immaculée
Maintenant je sais
C'que tu tentais de me dire
La folie qui te faisait souffrir
Tu voulais les affranchir
Ils n'écoutaient pas, ne savaient comment
Savent-ils maintenant ?
(Traduction – Adaptation : Polyphrène, sur une suggestion de Jillian)