Samedi soir dernier, un programmeur de jour (Tsay) dans ses pantalons de jogging, portant un "hoodie", sortant de son travail du soir, ticketier dans l'entreprise familiale, se trouvait dans le lobby quand le tireur fou, tuque sur la tête, s'est pointé, arme aux poings, devant lui.
Sans savoir que le déséquilibré venait de faucher 11 vies, il lui a sauté dessus et lui a arraché l'arme des mains, après quelques minutes de chamaillage. Il finit pas le forcer à quitter les lieux. Bredouille. Ce qui est maintenant alors mort, c'est la menace.Ce video provoque l'effet complètement inverse de la rage des images qui montraient les intervenants policiers regarder des images de renforcement mental sur leur téléphone, en pleine intervention de tuerie de la Robb Elementary School. Voià quelqu'un qui faisait quelque chose, qui réalisait l'insurmontable face à l'adversité. "YES!" nous sommes nous surpris à penser en voyant ces images dont j'ai d'abord pensé que les rôles étaient inverses. Me disant que ce vieil homme avait tout tenté et avait été étrangement épargné. Je me trompais sur l'identité de l'assassin. Le héros était le jeune gamer. Je me suis surpris à être ému presqu'aux larmes de revoir ces images avec les rôles maintenant mieux clarifiés.
La couverture médiatique des tueries de masse est au même endroit que nos féminicides au Québec. Dans une loop malsaine et inefficace. Mais de moins en moins. J'y reviendrai. C'est un journaliste qui a exposé la loop suite à la tuerie dans le bar de Thousand Oaks. en Californie, qui avait fait 13 morts incluant l'assassin. On parle de la tuerie et du contrôle des armes à feu pendant environs 7 jours. Jour 1, les faits, la traque, la fin de la tuerie, ou pas. Jour 2, la suite de la traque, le nombre de morts, les faits encore, plus clair (ou pas). Jour 3, qui était le tueur enfin attrapé/tué, qui sont les victimes ? Jour 4: Mots sentis du président bouleversé pour les caméras. Nous allons prier. Jour 5: Pourquoi? comment ? Que devons nous faire ? Jour 6: Pour ou contre un meilleur contrôle des armes à feu ? Jour 7: Deuil. Incluant le deuil des solutions. Plusieurs se demandent si faire le profilage du tueur est encore nécessaire. D'ailleurs à la question est-ce qu'un homme contrôle mieux ses émotions qu'une Femme, vous savez que la réponse est non, n'est-ce pas ? Je ne pourrais jamais accorder au féminin le même texte que je vous écris puisqu'aucune Femme ne fait de tuerie de masse. ( Ah oui ? Nommez moi en une de mémorable ?)Trop s'étendre sur le tueur pourrait provoquer des envies d'idolâtrer ou de copier. On craint un effet de contagion comme le président clown a été un décomplexeur d'ignominies.
Avec Tsay, et quelques autres, on a un nouveau corridor narratif dans ce cycle. Dès le début, on a un héros. Et on parle alors plus rapidement des victimes. Oui, un profil du tueur et des questions sur ses raisons, rien d'anormal. Mais aussi un angle héroïque qui agit en baume sur l'horreur. On a passé trois jours à raconter Abigail Zwerner, l'enseignante qui a été tiré à bout portant par son élève de 6 ans. Blessée, elle a évacué le reste de sa classe. A texté pour de l'aide qui n'a pas été prise au sérieux. Vit toujours avec une balle dans le corps.
Thomas James et Richard M.Fierro ont immobilisé un tireur au Club Q de Colorado Springs, qui a eu le temps de faire 5 morts, le 19 novembre dernier. Ils ont sauvé des tonnes de vies d'un carnage. Quand on tape les noms de Tsay. James & Fierro, dans google, le mot "héros" apparait tout juste à côté. Les gens cherchent les héros. Au cinéma, en amour, dans la vie, sur Google, partout.
"I had a gun"
Depuis facilement 10 ans, sinon plus, aux États-Unis, on apprend à penser qu'en chaque grand-père, père, frère, collègue, ami, amoureux, incel, se terre peut-être quelqu'un qui n'attend que d'exploser très publiquement. Dans l'extrême sang. À l'école, à la rentrée, aux États-Unis, on donne aux élèves, "un kit du survivant" en cas de tirs de fusil dans l'école. Envoyer tes enfants, aux États-Unis, est un coup de dés. Everyday.Elishja Dicken a tué un tireur dans un centre d'achats de l'Indiana. Parce qu'il était lui-même féru d'armes à feu et en avait une sur lui. Brandon Tsay, un gamer, n'a eu besoin que de quelques secondes pour comprendre que l'arme que le tueur avait en main n'était pas un jouet, qu'elle n'était pas conçue pour faire peur dans un dépanneur, et que par son langage corporel et son regard hagard, cet homme ne cherchait qu'à tuer. Pour Fierro et James, deux anciens soldats, le premier coup de feu les as placé en mode préventif et réactif. Ils sont intervenus en professionnels de la chose.
Mais il y a un effet pernicieux aux héros. Les fans du fusil ne sont que trop heureux que Dicken ait eu un fusil dans un centre d'achats. Ça aide leur cause. Et si il n'en avait pas eu ? La solution est simpliste pour un problème aussi difficile à gérer que le contrôle des armes à feu. On parle sans rire d'armer les enseignants et le personnel scolaire.La seule personne qui peut te protéger est toi-même, devient alors le message. Individualiste message plus ou moins sain.
Gris foncé, noir. Les cours d'arme à feu et de protection personnelle ne sont jamais plus populaires qu'après tueries. Les affaires sont alors bonnes.
Certains de ces héros meurent dans des actions héroïques qu'ils ont improvisé. Joseph Rosenbaum et Anthony Huber ont tous deux été assassinés par l'adolescent Kyle Rittenhouse qui s'était présenté hors de son État pour aller tuer du "woke". Fierro, après son acte de bravoure, a dit, en réponse aux admirateurs, "Personne n'est sur terre dans le but de se trouver en perpétuelle zone de combat." Se trompe-t-il ? Riley Howell, un étudiant qui a plaqué au sol le tireur de l'University of North Carolina, à Charlotte, en 2019, en est aussi mort. Jesse Lewis, 6 ans, est mort à Sandy Hook. Mais il avait eu le temps de crier à ses ami(e)s de classe "RUN!" quand l'arme du tireur s'est embrayé. C'est le souvenir heureux que ces camarades de classe, survivants, en ont de lui. Sa mère trouve consolation dans le drame horrible qui les accable. La vie, et un portrait des morts héroïques, est rappelée sur le site Fallen Heroes Project.C'est émouvant à en avoir des larmes aux yeux. Des morts aussi absurdes pour simplement avoir été au mauvais endroit, au mauvais moment.
C'est enrageant. Mais pas de la même rage dont les déséquilibrés s'abreuvent, armés, pour faire leurs conneries. C'est aussi très émouvant à en pleurer, les héros.
Mais pas les larmes du deuil.
Les larmes de la fierté.
Le sacrifice héroïque a son visage partout dans cette chronique.
Brandon Tsay a sauvé probablement plusieurs innocentes vies il y a exactement 7 jours.