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Famille de Lydie Salvayre

Par Rambalh @Rambalh
Lydie Salvayre est une autrice que je voulais lire depuis des années : souvent au rendez-vous de la Comédie du Livre de Montpellier, j’ai toujours été curieuse de découvrir sa plume et c’est désormais chose faite.
Famille de Lydie Salvayre

Quatrième de Couverture
« Le spécialiste a dit que le fils était schizophrène. Quelle honte dit le père. Ça ne doit pas sortir de la famille dit la mère. »
Mon avis
À l’intérieur de cette famille, trois êtres vivent ensemble sans se comprendre, sans réussir à communiquer. Autour de la maladie du fils, nous suivons la descente aux enfers de cette maison, sentant venir la chute qui échappe aux parents, incapables de comprendre ce qu’il se passe dans la tête de leur fils.
Famille est un court roman angoissant où trois voix dissonantes se mêlent sans suffisamment se croiser pour entrer en harmonie.
Le père nie complètement la maladie de son fils, le rabaisse, ne comprend pas son état apathique : il est l’incarnation de la société qui pousse à la productivité, au travail. La mère, elle, noie l’état de son fils dans une autre forme de déni : elle est persuadée que l’amour étouffant d’une mère suffira. Elle ne réagit réellement qu’à travers son feuilleton quotidien préféré, déversant sa haine et sa frustration sur une fiction, son seul exutoire. Enfin, le fils s’enfonce un peu plus chaque jour dans les ténèbres de sa maladie, suffoque entre les reproches de son père et le calfeutrage de son être constant de sa mère. Ses parents étouffent chacun à leur manière ses cris de détresse, faisant peu à peu monter la pression en lui sans s’en rendre compte. Jusqu’à l’explosion.
Lydie Salvayre nous livre un récit angoissant où on comprend presque plus aisément la voix du fils que celles de ses parents, où on s’enlise dans les méandres de cette existence faite de souffrance qui sinuent au fil des pages comme du poison. Le livre se lit d’une traite, la respiration difficile, l’angoisse posée sur l’épaule et le besoin d’aller au bout pour que la souffrance qui suinte à travers les pages prenne fin.
C’était une lecture éprouvante, de celles qui compriment la poitrine par les mots, par le rythme ainsi que le message.
Pour une première lecture, c’est une réussite : même si j’ai eu mal au cœur et au corps, elle fait ressentir des tas d’émotions et c’est ce que j’aime.
« Je me sens dit le fils d’une humeur homicide. Je roule la vengeance au gouffre de mon cœur. Un bon assassinat me détendrait les nerfs. »
« L’esprit est mort l’esprit est mort l’esprit est mort clame le fils au désespoir. L’esprit est mort ainsi que Dieu. Il ne reste plus que son suaire. Parfois la mère est dépassée par les réactions de son fils. Heureusement il y a le Haldol, cinquante gouttes matin midi et soir. Le psychiatre a dit qu’en cas d’agitation on pouvait augmenter les doses. Ce qu’elle fait régulièrement, pauvre poussin. »
Les avis des Accros & Mordus de Lecture

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