Réalisatrices de documentaires, Marie Monique Robin n'est n'est pas à son coup d'essai : Elle se fit connaître dès 2008 en s'attaquant aux géants de l'agro chimie parmi lesquels Monsanto tenait la tête d'affiche. Aujourd'hui nous découvrons un essai scientifique qu'elle élabora pendant le confinement de 2020, la fabrique des Pandémies. Elle a passé plusieurs mois à voyager par Skype à la rencontre des spécialistes des maladies émergentes, qui sont nombreux à s'accorder sur le fait que l'érosion de la biodiversité accentuée par la déforestation et l'élevage intensifs sont de véritables bombes à retardement épidémiques. Dengue, Chikungunya, Covid-19, Sida, Ebola font partie des réjouissances qui sont désormais inscrites au paysage planétaire, mais l'urbanisation galopante, la réduction des espaces vitaux entraîne la recrudescence des rencontres entre espèces sauvages autrefois éloignées dans les forêts et espèces domestiques, comme le poulet ou le porc élevé industriellement partout sur la planète en quantités astronomiques, véritables intermédiaires de la transmission virale à l'homme.
Après le livre, le documentaire
Covid 19 m’a contrainte à modifier ma pratique habituelle, consistant à réaliser d’abord un film, qui nourrit l’écriture d’un livre. Ce fut finalement une très belle expérience : la rédaction m’a permis de mûrir patiemment mon projet de film. Au fil des mois - et alors que la pandémie provoquait le confinement d’une grande partie de l’humanité et terrassait l’économie mondiale -, j’ai maintes fois remanié le synopsis pour que le documentaire permette de répondre à des questions qui intéressent un large public, bien souvent déboussolé par l’issue très incertaine de la crise sanitaire.
ce qu'elle n'a pu faire en 2020, elle l'a fait en 2022 avec la complicité de l'actrice Juliette Binoche et une bande son de Juliette Binoche, un documentaire de 100 minutes tourné sur 8 PAYS et 4 CONTINENTS, que l'on peut revoir sur FRANCE TV (diffusion du 17 juin 2022)
L’idée de ce film est née après la lecture d’un article publié dans le New York Times le 28 janvier 2020 et intitulé « We made the coronavirus epidemic ». À partir de février 2020, je suis entrée en relation virtuelle -confinement oblige- avec 62 scientifiques internationaux de différentes disciplines (virologues, parasitologues, écologues, épidémiologistes, mathématiciens, démographes, ethnobotanistes, médecins, vétérinaires, etc.) qui ont identifié, documenté et expliqué le cocktail favorisant la création de ce qu’ils appellent « les territoires d’émergence » des maladies infectieuses. De nombreuses activités humaines provoquent le dysfonctionnement des « services écosystémiques », ce qui menace la santé des humains, des animaux et des plantes.
De magnifiques images et des paroles fortes :
Je voulais vraiment montrer la beauté de la biodiversité, en donnant envie de la protéger. Le film apportera aussi un éclairage inédit en donnant la parole à des scientifiques et spécialistes de terrain, qui ont l’impression de prêcher dans le désert. Curieusement, l’impressionnante expertise qu’ils ont accumulée est largement ignorée des politiques qui se contentent de parer au plus pressé – avec des mesures sanitaires et des vaccins – sans s’attaquer aux causes qui sont à l’origine des pandémies.
Un message d'espoir : la solution est dans la nature !
Loin du discours anxiogène qui prévaut depuis l’émergence de la Covid 19 et qui caractérise en général les documentaires traitant des nouvelles maladies infectieuses, je voulais faire un film qui fasse du bien, en remettant de la cohérence dans les désordres qui nous assaillent et en fournissant des outils à tous ceux, citoyens, associations et organisations internationales, qui œuvrent pour que le « Jour d’après » ne ressemble pas au « Jour d’avant ». Plus que tout, il s’agit de recréer du lien entre les humains et le reste du vivant. La richesse de la biodiversité ne constitue pas un supplément d’âme pour une petite frange de bobos écolos-à-vélo, mais elle est notre « maison commune » sans laquelle aucune vie sur terre n’est possible. Ce film est un hommage à la nature, que nous ne pouvons plus continuer à sacrifier, sous peine de sacrifier nos propres enfants...
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