20 ans avec mon chat

Publié le 25 janvier 2023 par Adtraviata

Quatrième de couverture :

Tout a commencé avec la rencontre d’un chaton égaré. Une boule de poils vaporeuse accrochée de toutes ses griffes au grillage d’un jardin. Une chatte friande de sardines et de bonite aigre-douce, qui va s’introduire dans la vie de l’auteur pour très longtemps. Mî va partager avec elle quatre-vingts saisons, la rendre sensible à l’odeur du vent, aux signes de la nature, à la température de la lumière, et accompagner chacune des transformations de sa vie. Car ce roman étoilé de poèmes est aussi celui d’une femme habitée par le désir d’écrire et qui, les yeux posés sur Mî blottie à ses côtés, va se transformer en écrivain.

C’est avec ce récit, largement autobiographique, que je débute ma rencontre avec les éditions Picquier. Le catalogue contient plusieurs titres avec des histoires de chats, forcément ça m’intéresse

Mayumi Inaba a rencontré une petite boule de poils blancs, noirs et marron tombée du ciel un jour de 1977. Elle recueille ce chaton qui vient de naître et qui gardera pour toujours la peur du vide. La petite chatte portera le nom de Mî, comme les miaulements qu’elle pousse sans cesse et qui disent sa volonté de vivre. L’entrée de Mî dans la vie de Mayumi va décider de choix importants dans la vie de la jeune femme : le logement à louer ou à acheter, la présence d’un jardin ou de végétation. La présence du chat sera tellement forte qu’elle fera comprendre à Mayumi que son mariage n’a plus de sens et qu’il est temps de divorcer.

C’est vraiment une histoire d’amour très forte et touchante entre un félin et sa maîtresse (quoique ce mot, « maîtresse », n’a guère de sens quand on vit avec un chat) mais c’est aussi l’histoire d’une femme japonaise qui observe les saisons avec Mî, les changements urbains à Tokyo, qui nous fait percevoir quelques aspects de la mentalité et des coutumes japonaises, une femme qui, petit à petit, ose devenir poète et écrivain. Le récit est d’ailleurs émaillé de poèmes inspirés par la vie de Mî.

A noter qu’il ne se passe évidemment pas grand-chose, le rythme est lent, mais je me suis accrochée et j’ai apprécié le compte-rendu de ce quotidien avec un chat à Tokyo. D’autre part j’admire la ténacité avec laquelle l’auteure a soigné son chat pendant plusieurs années, je ne suis pas sûre que j’aurais la même patience – mais bien sûr, cela contribue à ce lien si particulier avec Mî.

« De la nuit lointaine que les yeux humains ne voient pas

Tu reviens

Les coussinets glacés les oreilles dressées

Et moi j’essuie les petites traces de tes pas dans le couloir

L’empreinte de la nuit

Les traces d’un secret qui n’appartient qu’à toi.« 

« Parmi les ouvrages qui me passionnaient à l’époque, il y avait Les Quatre Filles du docteur March, dont les jeunes héroïnes étaient pleines de charme, mais il y en avait une que j’aimais pardessus tout, Jo, la deuxième fille. Etait-ce à cause de son caractère masculin, droit et spontané, ou encore parce qu’elle était envoûtée par le désir d’écrire, je m’opposais farouchement au choix de ma sœur qui ne jurait que par Amy, éperdue d’envie pour celle qui possédait sous les toits un endroit où écrire. Je me perdais en admiration devant cette fille qui avait un endroit où écrire rien que pour elle. »

INABA Mayumi, 20 ans avec mon chat, traduit du japonais par Elisabeth Suetsugu, Picquier poche, 2016 (Editions Philippe Picquier, 2014)

En 2023, un Picquier par mois

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