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Brothers & Sisters– Bilan – Critique – Saison 2

Publié le 15 août 2008 par Blabla-Series

Running for President, un arc narratif aussi irréaliste qu’inintéressant

Brothers & Sisters a toujours voulu se démarquer des autres soap modernes de son acabit en proposant une thématique politique centrale, l’idée n’était pas mauvaise et apporta une touche d’originalité dans une série familiale foncièrement classique. Mais cette année, la série ne s’est pas contentée de quelques débats houleux opposant les Walkers entre eux pendant les dîners agités de famille ou de mettre en scène Kitty et sa vie professionnelle trépidante. La série a profité de l’actualité et de l’intérêt médiatique suscité par le sujet course à la Maison Blanche pour se lancer dans une campagne présidentielle mini-format.
Robert, sénateur et petit-ami de Kitty Walker a ainsi annoncé à Kitty en fin de saison passée son intention politique de « courir » et la seconde saison s’est alors naturellement ouverte par un Robert en pleine course présidentielle.
Au final, ce que l’on pouvait craindre de ce jumping the shark avant l’heure s’est totalement réalisé, Brothers & Sisters étant aussi ambitieuse et élaborée qu’un téléfilm typique de Lifetime. La série a suivi alors sagement cette campagne du côté des coulisses, de primaire en primaire pour finir sur un désistement bâclé mais heureux : un Robert président aurait été une storyline ingérable et bien trop ambitieuse scénaristiquement pour ce genre de séries.

Cependant, cet arc de Brothers & Sisters aurait pu se révéler passionnant si la série avait misé sur des enjeux politiques internes de réelle portée, sur une opposition de vraies idées politiques plus concrètes, sur des problématiques actuelles fiévreuses, si la série avait exposé également les rouages techniques d’une campagne présidentielle, sur son déroulement, son financement, sa gestion … Malheureusement, la série s’est contentée d’un strict minimum, accumulant les clichés politiques, les coups bas ridicules et misant sur une émotion inappropriée, la campagne s’est déroulée de manière prévisible et sans saveur, pareille à une inoffensive histoire quotidienne ; Robert le républicain (interprété par un acteur connu pour son extremisme de gauche) n’est pas non plus étranger à cet échec, ce gentil républicain qui a réponse à tout est un personnage lisse, insipide et sans charisme, incapable donc de transmettre le poids et la pression politique que peut subir un vrai candidat politique.

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Brothers & Sisters : "Tough on crime, big on defense, America first and old-fashioned"

Du soap et du mou..


 

Niveau scénarii, cette seconde saison de Brothers & Sisters a été plutôt décevante. La première saison avait réussi à caler entre des histoires un peu sirupeuses et des péripéties attendues, quelques bonnes storylines solides et attrayantes qui nous avaient convaincu de suivre l’intégralité de la saison sans trop d’effort. Cette année, les quelques bonnes aventures se sont comptées sur les doigts d’une main, l’esprit de la série s’étant un peu perdu en chemin.
On savait la difficulté pour les scénaristes que de gérer avec efficacité l’évolution de chacun des nombreux personnages Walker, la saison inaugurale avait été juste et conciliante mais cette seconde saison a manqué de concision : les storylines ont été inégales en tout point de vue et ont pêché par défaut de méthode et manque sévère d’originalité se traduisant alors souvent par un dénouement toujours très convenu et par ce sentimentalisme toujours exacerbé.
De plus l’évolution de certains characters a été complètement laissée de côté ou à l’inverse complètement bâclée, la saison avait commencé fort pour Tommy, enfant, rupture, adultère, retour de l’épouse et de l’enfant prodigue, l’évolution était flagrante mais trop abrupte et manquait véritablement d’étapes ; après une conclusion hâtive et bâclée, la famille de Tommy renoua avec son rôle de figurant et Tommy au rôle de grand frère transparent. Voilà un exemple bête et méchant qui prouve que la construction scénaristique de Brothers & Sisters est toujours très vulnérable. Seuls Sarah et Justin ont pu bénéficier d’une évolution réelle mais l’univers professionnel de la première n’étant pas des plus captivants et le jeu cabotin du second étant exaspérant, on reste un peu sur notre faim.

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C'est quoi ce décor d'entrepôt à la mords-moi le noeud ?

Histoires superficielles et acteurs stupéfiants, un contraste frustrant
Pour pallier cette contrainte quantitative, la série mise beaucoup sur le quotidien tranquille de ses héros et sur leurs histoires sentimentales, malheureusement aussi originales que celles d’un soap opera au rabais, on ne peut que s’ennuyer devant le spectacle. Et à chaque épisode, lorsque la musique sirupeuse démarre en fond, l’émotion supposé à son paroxysme, ma frustration est plus intense que jamais et une impression demeure, une impression qui consiste à penser « c’est un peu triste que d’assister à tant de mésaventures affligeantes de banalité alors que les protagonistes les personnifiant dégagent un charisme indicible » et ça, c’est toute la frustration de Brothers & Sisters. Alors que Rachel Griffiths se la joue gamine écervelée rancunière et vengeresse entre lamentation et pleurnicherie –ce qui nous change bien trop de la spirituelle et mature Brenda Chenowith, Sally Field, elle, est plus paradoxale que jamais, envahissante mais désireuse d’indépendance, elle interprète avec grand talent les geignements de cette sexagénaire un peu assommante, faut bien le reconnaître.

Interaction familiale, le seul véritable atout de B&S

L’atout majeur de l’originel Brothers & Sisters était incontestablement l’interaction qui résultait de la famille Walker, les scènes en famille ont toujours été dans Brothers & Sisters les moments les plus agréables et efficaces en raison d’une réelle alchimie entre les personnages, la famille Walker est sous cet angle une famille nombreuse classique très réaliste. Dans cette seconde saison, la connivence et la complicité entre les personnages sont encore palpables, ce qui rend cette famille Walker très attachante dans son ensemble mais il n’empêche que cet effet a un peu diminué, les rencontres familiales étant un peu réduites et moins inspirées que celles des grands débuts. L’entente entre les Walker reste cependant le point fort de la série, celle-ci sait mettre en scène les repas tragi-comiques des Walkers avec efficacité et humour. Mais il faudrait pour la troisième saison insuffler un peu plus de dynamisme, de folie, de renouveau à cet aspect ; ces relations familiales devenant déjà un peu plus attendues et conventionnelles.

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Ah... Rebecca... Walker, pas Walker ? Inceste, pas Inceste ?

La mauvaise surprise de l’année ou comment éviter l’Inceste

Oui, ça a été quand même la mauvaise surprise de l’année, quoi qu’on en dise. Comme dirait Michael Scott, alert spoiler.  
Rebecca Walker, c’est l’intrigue principale de la première saison de B&S : présentée comme la fille cachée de William, le patriarche de notre grande famille, son existence est révélée aux Walkers en milieu de saison et celle-ci bouleverse, comme on peut s’y attendre, cette famille et ses représentations. Mais finalement, grâce à un esprit de famille idyllique, la vie de cette fille est peu à peu acceptée, son intégration dans la famille se fait par étapes, l’étape de j-allume-le-mari-de-ma-toute-nouvelle-sœur- ayant eu son petit effet, et c’est donc à travers l’image d’une famille agrandie et plus apaisée que jamais que la saison s’est achevée gentiment.  Mais toute cette attention portée sur cette histoire a été réduite à rien lorsqu’en seconde saison, les scénaristes ont eu l’idée saugrenue d’inventer un autre père à Rebecca, en filigrane, Holly is a slut.

Brothers & Sisters et les trilogies de genre, c’est donc même combat. Le troisième volet d’une trilogie révèle toujours des choses que l’on croyait vraies mais qui ne l’étaient pas. Dans Brothers & Sisters, même topo (sauf que l’on ne respecte pas la règle du second volet identique, chut). La vérité n’est pas celle que l’on croit, traduction : Rebecca n’est pas la sœur Walker cachée, c’est un robot crée par Holly pour détruire les Walkers un à un, il faut donc lui cryogéniser la tête. Subtil, hein ? Remarque, décider que Rebecca ne soit finalement pas une Walker pour qu’elle puisse embrasser en toute décente et tomber amoureuse en toute moralité de son ex-frérot, ça craint tout autant et ce même si le frèrot est beau comme un diable (sondage virtuel établi sur 1112 sondées). Un peu d’inceste dans Brothers & Sisters aurait été bienvenue, non, le vieil oncle est déjà un homo refoulé depuis cinquante ans qui fait lors de cette seconde saison 13 fois et demi son coming-out, on titille assez les mœurs comme ça. Il est là en fait le vrai jumping the shark de Brothers & Sisters : nous faire un coup pareil en seconde saison, c’était bien trop aberrant et excessif.

Adam.


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