Le tennis turc féminin va-t-il enfin sortir de l'anonymat ?

Voici une question à laquelle même ceux qui suivent régulièrement le tennis féminin auront sans doute du mal à répondre : une joueuse turque a-t-elle déjà remporté un tournoi sur le circuit WTA, si oui laquelle ? Un tel événement, pour le coup historique, s'est produit le 18 avril 2016 lorsque Çağla Büyükakçay fut la première joueuse née en Turquie à inscrire son nom au palmarès d'un tournoi WTA, précisément au tournoi d'Istanbul, dans son pays. Aujourd'hui âgée de trente-trois ans et retombée à la 250e place, elle continue à jouer dans la confidentialité des tournois ITF où elle réussit de temps en temps de belles choses, comme sa victoire en fin d'année dernière au tournoi 25000$ de Monastir. Cet exploit retentissant de 2016, au cours duquel Çağla Büyükakçay s'était soudainement retrouvée sous le feu des projecteurs, aurait pu être le début d'une nouvelle ère pour le tennis féminin turc. En réalité, il n'en a rien été, à tel point que les joueuses turques qui évoluent maintenant sur le circuit professionnel doivent se contenter de l'anonymat des tournois secondaires. Pourtant, un espoir timide vient éclaircir la noirceur du tableau grâce à quelques joueuses bien décidées à se faire un nom et à qui l'avenir pourrait éventuellement sourire, bien que le chemin vers la notoriété soit encore long. L'une d'elles notamment, Zeynep Sonmez (photo ci-dessus), possède sans doute le talent nécessaire pour relancer dans son pays l'intérêt d'une discipline qui s'étiole et tombée progressivement dans la désuétude. Elle n'est heureusement pas seule dans cette tâche, comme nous allons le détailler.Zeynep Sonmez, 20 ans :
Nous ne pouvions pas commencer sans celle qui va peut-être devenir le fer de lance d'une embellie du tennis féminin turc. Déjà victorieuse de deux tournois en 2022 sur le circuit ITF, Zeynep Sonmez a débuté la nouvelle saison de la plus belle des manières en obtenant il y a deux jours à peine (au moment où cet article est rédigé) le plus beau succès de sa jeune carrière au tournoi 40000$ de Tallinn, en Estonie, où elle a dominé des joueuses comme Yanina Wickmayer, Chloé Paquet et Viktoria Kuzmova alors qu'elle était passée au préalable par deux tours de qualification. Très discrète durant ses années chez les Juniors (elle ne remporta qu'un titre et fut 142e à son meilleur niveau en 2018), elle semble enfin éclore dans l'année de ses vingt ans, ce qui veut dire qu'elle a une longue période devant elle pour espérer encore faire mieux.
Berfu Cengiz, 23 ans :

Membre du top 40 lorsqu'elle évoluait sur le circuit Juniors (elle y a gagné cinq tournois allant du second au cinquième grade entre 2013 et 2015), elle s'est assez vite adaptée au niveau supérieur en gagnant son premier tournoi ITF Dames en 2016 à Sharm ElSheikh (10000$). Mais, le vrai point culminant pour elle fut atteint en 2021 lorsqu'elle fut sacrée à domicile au tournoi 15000$ d'Antalya, sa plus belle victoire à ce jour. Il y a quelques jours à peine, on la vit sortir des qualifications au tournoi de Tallinn avant qu'elle y atteigne le dernier carré après des victoires sur l'allemande Lena Papadakis et la française Alice Robbe. Elle a donc encore son mot à dire et il ne serait pas surprenant qu'on la revoit. 
Ilay Yoruk, 21 ans :

Passée quasiment inaperçue chez les Juniors, même si elle a réussi l'exploit de remporter en 2017 la Santa Marina Junior Cup alors qu'elle sortait des qualifications, elle a ensuite passé beaucoup de temps à jouer dans sa région en espérant gagner un titre sur le circuit ITF. Un espoir devenu réalité il y a un an, lorsqu'elle a enfin conjuré le sort en gagnant chez elle à Antalya (sans doute le tournoi que toute joueuse turque rêve de gagner pour lancer sa carrière). Nous verrons où cela va la mener cette année.
Melisa Ercan, 17 ans : 

Elle vient de réussir le plus improbable des prodiges en gagnant à Traralgon qui est le gros tournoi de préparation à l'Open d'Australie pour les Juniors, alors qu'elle n'y était pas donnée favorite. Son tableau de chasse y fut impressionnant puisqu'elle fit chuter Sara Saito, Tatum Evans, Alina Korneeva et Mirra Andreeva. Il s'agit tout simplement de sa plus belle victoire sur le circuit des jeunes, en attendant peut-être mieux. L'avenir du tennis turc pourrait sans doute passer par elle.