Est-ce un facteur indirect, lié à d’autres facteurs de mode de vie qui affectent directement le poids corporel ? Mais le quartier où l’on commence sa vie puis les lieux de résidence durant l’enfance, impactent significativement la trajectoire de l’indice de masse corporelle (IMC) et le risque d’obésité à l’adolescence. Si ce n’est pas la première étude à faire un lien entre le lieu de naissance et de résidence et le poids corporel, c’et la première démonstration, ici dans le JAMA Network Open, de la grande vulnérabilité des enfants aux conditions défavorables du quartier de résidence, avec des conséquences sur leur santé à vie.
Ces facteurs du « lieu de naissance » et du « lieu de résidence » devraient donc être pris en considération, tout comme l’exposition à la pollution, par les politiques de Santé publique,
a fortiori parce que ce sont des facteurs très difficilement modifiables par les familles et les individus.
Le lieu de naissance et de résidence, un facteur de maladies chroniques plus tard dans la vie ?
L’équipe du Harvard Pilgrim Health Institute (Boston) qualifie le lieu de naissance et de résidence, comme « un facteur de modèles d’IMC favorables ou défavorables et de risque futur de maladies chroniques ». L’auteur principal, Izzuddin Aris, professeur de Médecine des populations à la Harvard Medical School, rappelle que ces critères physiques et sociaux des quartiers où résident les enfants sont de plus en plus reconnus comme un déterminant important de la santé tout au long de la vie. L’étude a donc regardé dans quelle mesure ces critères sont liés à l’IMC infantile et au risque d’obésité plus tard dans la vie.
Le lieu de vie clairement associé à la trajectoire de l’IMC
Si de précédentes études ont porté sur cette association, elles étaient limitées par la petite taille des échantillons, le manque de diversité géographique et une variation insuffisante des caractéristiques individuelles. Ce n’est pas le cas de cette nouvelle étude qui comble ces lacunes, avec une cohorte géographiquement diversifiée de plus de 20.000 enfants issus de différentes cohortes de naissance à travers les États-Unis participant au programme Environmental influences on Child Health Outcomes (ECHO). Les adresses résidentielles géocodées des participants ont été recueillies à la naissance, à la petite enfance et au milieu de l’enfance, ainsi que les scores « Child Opportunity Index » (ChOI) et « Social Vulnerability Index » (SVI). Les chercheurs ont ensuite examiné les associations de ces scores avec l’IMC et l’obésité chez les enfants participants. Cette analyse révèle que :
- quelle que soit l’étape de la vie considérée, les enfants qui résident dans des régions où l’indice ChOI est plus élevé suivent des trajectoires d’IMC moyen plus faibles et encourent un risque d’obésité plus faible de l’enfance à l’adolescence, et cela indépendamment des caractéristiques sociodémographiques familiales et prénatales ;
- des schémas similaires sont observés pour les enfants à faible score SVI ;
- ces associations sont plus marquées pour les enfants résidant dans les quartiers les plus privilégiés ou les moins vulnérables. La vie dans ces quartiers privilégiés à la naissance a plus d’impact sur la réduction du risque d’obésité par rapport à la vie dans ces quartiers plus tard dans l’enfance, ce qui suggère que la grossesse est également une fenêtre importante d’exposition.
L’équipe appelle ainsi les politiques à se concentrer sur les investissements qui s’attaquent aux structures qui compromettent systématiquement la santé des communautés marginalisées et à des initiatives qui modifient les facteurs environnementaux influant sur l’excès de poids et l’obésité chez les enfants.
Source: JAMA Network Open 22 Dec, 2022 DOI: 10.1001/jamanetworkopen.2022.47957 Associations of Neighborhood Opportunity and Social Vulnerability With Trajectories of Childhood Body Mass Index and Obesity Among US Children
Équipe de rédaction SantélogJan 22, 2023Équipe de rédaction Santélog