À l’inverse du « happy-end » américain, Philippe Besson livre une grosse claque d’entrée en débutant son nouveau roman par ces cinq mots qui retiennent immédiatement toute l’attention du lecteur. Une phrase courte, percutante et lourde de sens, prononcée au téléphone par une gamine de treize ans qui vient d’assister à l’innommable qui se cache derrière ces cinq mots. À l’autre bout du fil, la vie du grand frère de dix-neuf ans vient de basculer. C’est lui qui encaisse l’onde de choc qui accompagne cette phrase, qui va remonter le fil de sa vie pour chercher les indices qui permettraient d’expliquer l’inexplicable, qui va sauter dans le premier train afin de recoller les quelques morceaux qu’il reste de cette famille volée en éclats et qui va se transformer en narrateur afin de mettre des mots et surtout des sentiments sur cet événement qui, pour lui, est tout sauf un simple fait divers !
À l’instar de David Lelait-Helo dans son excellent « Je suis la maman du bourreau », Philippe Besson («
Ce qui me séduit à chaque fois dans les romans de Philippe Besson, c’est l’élégance de sa narration, qu’il combine cette fois à l’intelligence de ne pas en faire trop, de ne pas rechercher les effets de style afin de décrire ce sujet délicat avec pudeur et grande justesse. Laissant de côté les envolées issues de ses propres tripes qui m’ont tellement séduit lors de ses ouvrages plus intimes, l’auteur de « Arrête avec tes mensonges » pose ici ses mots avec grande délicatesse sur les blessures d’un autre. S’imposant des limites à ne pas franchir, des libertés à ne pas saisir, comme une sorte de retenue qui s’impose vis-à-vis de ce récit inspiré de faits réels qu’il désire conserver au plus près de la réalité tout en se l’appropriant avec brio, Philippe Besson s’attaque au féminicide d’une plume alliant sobriété et sensibilité.
Non, le féminicide n’est pas un fait divers !
Ceci n’est pas un fait divers, Philippe Besson, Julliard, 208 p., 20€
Elles/ils en parlent également: Anthony, Frédéric, Sonia, Karine, Kitty, Stelphique, Baz’Art, Rose, Célittérature, Elodie
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