Album - Harlem Lake "Volition Live"
NoPo
HARLEM LAKE VOLITION LIVE 2023
On avait repéré la pépite avec 'A fool's paradise' fin 2021 ( see concert monkey)
Il faut battre le fer (ou ciseler la pépite) tant qu'il(elle) est chaud(e), voici donc que débarque un album live... avant 'A fool's paradise vol.2', déjà prévu pour retourner la galette des rois du blues!
Vainqueur de l'European Blues Challenge 2022, les bataves nous font baver et fêtent ça avec le live 'Volition', ou volonté, ce qui les a conduit jusqu'ici.
Ils gravent 6 des 8 morceaux de leur debut album (grave bien, comme on dit aujourd'hui) en live, sans sélectionner le morceau phare(amineux) 'A fool's paradise' que j'ai écouté en boucle.
Ils complètent avec 6 reprises (de haute volée) et un nouveau titre (le final 'Jack In The Box').
Avec beaucoup de morceaux longs, on atteint la durée d'un double vinyle de plus de 75 minutes (ils ne se moquent pas de leurs fans!).
Prévoir donc de prendre son temps et le casque pour un bon jogging...
Commençons par la conclusion : on a l'impression d'écouter un groupe particulièrement expérimenté, maitrisant son sujet et remettant une copie au son nickel, un master class!
Seule petite (toute petite) déception, les morceaux ne sont pas enchainés (forcément ils sont déchainés) ce qui rompt un peu le déroulé du live.
Le nez sur la pochette, on se surprend déjà à chercher les détails dans ce beau dessin, style BD, de Bas Duijst.
On y retrouve le fameux kiosque à musique du premier disque, cette fois, avec l'ombre des musiciens du groupe en pleine action.
On retrouve aussi, non pas un flamand, mais plutôt une cigogne protectrice qui domine l'édifice. Sous la lune et chaque aile déployée, s'accrochent les lettres de ' VOLI TION'.
La scène, grosses enceintes empilées sur les côtés, trône au milieu d'une rue bordée de réverbères et de maisons aux fenêtres allumées.
Devant la scène, on annonce en grand 'HARLEM LAKE' 'LIVE AT CULEMBORG BLUES & BETTER GET HIT FESTIVAL 2022', sur une place étrangement vide.
A la hauteur, le verso montre l'arrière d'un van ouvert pour charger le matériel, partiellement posé à l'extérieur, et les titres des morceaux figurent sur une valise ouverte et la façade d'un coffre.
Bavard je suis, cependant l'artwork en vaut la chandelle! Et comme le ramage se rapporte au plumage... à l'abordage!
Place à la musique maintenant...
Ouverture avec un titre important, 'The river', du 1er album. Tout a pris de l'épaisseur : la guitare au riff glissando, l'orgue à flots, les cuivres et la voix aussi, si, si c'est possible!
La rythmique basse/batterie sait tracer un carré, pour que les autres instruments s'accrochent et se lâchent avec assurance notamment sur le solo de guitare à griffes, malmené par des cuivres chauds patate.
Et Janne? Woah!
Harlem Lake va chercher 'Beware' d'Ann Peebles, sorti en 75. On a donc droit à un velours funky laissant la part belle à la basse dodue, l'orgue doorsien et les cuivres.
Le groove invite à la danse et aux mouvements sensuels. Janne gère ses inflexions de voix à merveille.
Avec un titre comme 'Whiskey Drinking Woman', nulle surprise de trouver un blues lancinant, tristement profond, reprise de Lou Donaldson (saxophoniste de jazz) quartet.
Gros solo de guitare dégoulinant de feeling!
'Deaf blind' introduisait le debut album mais avec une durée réduite de moitié. Ici, Janne chante avec tellement de fougue que sa voix en devient parfois rugueuse!
Les instruments, notamment, la batterie, tribale par instants, débordent d'énergie. L'orgue de Dave, lui regorge de bons sentiments qu'il lâche en pluie abondante puis tempétueuse sur un final éclatant.
'Guide me home' (extrait du disque précédent) pour respirer un peu... même pas, le frisson parcourt l'échine, frappe à l'âme et fait monter le palpitant.
Janne darde des rayons d'émotions avec sa voix versatile. Les choeurs jouent les anges discrets et les cuivres n'en rajoutent pas.
Les arrangements fabriquent juste un écrin.
Le shuffle blues trainant sa peine, on le trouve dans 'I Wish I Could Go Running' (extrait de A fool's paradise) où Janne, grave, moût du grain.
Du classique avec des cuivres riches dont une trompette bouchée, un piano chaloupé et un solo épique de Sonny Ray à la guitare.
Et on remet ça avec un gros groove bluesy sur 'Please Watch My Bag' (sur le 1er album).
J'avais fait référence à 'Fool for your stockings' de ZZ Top et Robert Cray.
Sur sa version live, on le sent moins, car le morceau prend du volume et laisse libre cours à la virtuosité instrumentale (cette guitare!) par rapport à l'original, plus sobre.
Clapton signe 'Got To Get Better In A Little While' pour Derek and the Dominos en 73.
Cette fois, la cadence rocke plus volontiers. Plus que classique, je préfère qualifier le morceau de 'classe'.
Un gros solo de trompette transperce la mélodie portée par un piano et la guitare aux cordes battues.
La basse sonnante, aux angles arrondis, enroule le solo fusant de guitare. Et Janne? Pfff!!
Voici venir un roc, un pic, un cap! Que dis-je, c'est un cap ? ... C'est une péninsule! Et oui, faut avoir du nez pour reprendre 'That's How Strong My Love Is'
Original? Roosevelt Jamison en 64, repris par Otis Redding, les Stones et tellement d'autres...
D'abord un orgue, attisé sur des braises, chauffe les cordes vocales de Janne, adoucies ensuite par les choeurs féminins.
On plonge clairement dans une soul ouatée et pleine de tact et de sensibilité. Puis Dave travaille longuement les chauds sons de son orgue rutilant.
Si ça c'est pas un classique! 'The letter' écrit par Wayne Carson, chanté par les Box Tops et le grand Joe Cocker, une influence certaine.
La trompette et le sax en furie, dérapent dans un souffle puissant.
Janne utilise une voix gratinée de Cocker avant un échange très charnu, rhythm and blues, avec les choeurs.
Encore un titre de leur album studio, 'I won't complain' dont la durée double presque. Cette version live, orchestrée plus richement, diffère beaucoup de celle du studio.
Janne chante, d'abord, tout en retenue mais elle sait aussi lâcher les trémolos, les cris, les lamentations et la rage. Les cuivres augmentent le balancement lascif.
La grosse basse de Kjelt, enrobée d'orgue dans un 2è temps, s'éclate au milieu du morceau puis laisse l'honneur à la guitare échevelée de Sonny.
Je ne peux m'empêcher de penser aux Allman Brothers.
Johnny "Guitar" Watson et Lenny Williams écrivent 'Don't Change Horses' en 74 pour Tower of Power.
Très sautillant, ce titre funky met du roulis dans le tangage ou inversement, impétueux!
Une nouvelle composition clôt ce live à tiroirs bien remplis 'Jack In The Box'. La cadence nous embarque sur un boogie astiqué qui incite au mouvement du pied, et même des 2... et du reste...
La voix de Janne, particulièrement décidée, encourage le public et sa troupe, faisant bloc dans une osmose étonnante, avec un piano endiablé.
Je n'en rajouterai pas plus, la messe est dite, énorme groupe!!
1. The River
2. Beware
3. Whiskey Drinking Woman
4. Deaf & Blind
5. Guide Me Home
6. I Wish I Could Go Running
7. Please Watch My Bag
8. Got To Get Better In A Little While
9. That's How Strong My Love Is
10. The Letter
11. I Won't Complain
12. Don't Change Horses
13. Jack In The Box
Enregistré Live à Culemborg Blues le 27 Aout 2022 (1,2,4-7,10,12,13) et Better get Hit Festival le 10 Septembre 2022 (3,8,9,11)
Mixé et masterisé par Dave Warmerdam
Enregistré par Richard Van Het Kaar
Artwork par Bas Duijst, Photographie par Edwin Fabriek et Matthias Höing
Janne Timmer : Chant, orgue (11)
Dave Warmerdam : Orgue, claviers, choeurs, guitare (11)
Sonny Ray Van den Berg : Guitare
Benjamin Torbijn : Batterie
Kjelt Ostendorf : Basse, Choeurs
Ashley De Jong : Choeurs (1,2,3-6,8-13)
Megan Zinschitz Choeurs (1,2,3-6,8-13)
Jazzton Hulsebosch : Saxophone
Maarten Combrink : Trombone
Bart Van Der List : Trompette (1,2,4-7,10,11,13)
Thomas Heikoop : Trompette (3,8,9,12)