S. M. la reine des Deux-Siciles en costume calabrais
(D'après une photographie communiquée par M. le colonel V. d'Equevilley.)
Le roi et la reine de Naples au siège de Gaëte.in Le Monde illustré du 29 décembre 1860
Depuis que les Piémontais ont investi la place de Gaëte, que les positions formidables des Capucins et de Santa Agata ont menacé la ville de leurs batteries, les Napolitains, comme c'était leur devoir et surtout leur intérêt, ont tout fait pour arrêter les travaux des assiégeants.On a remarqué que chaque jour, vers quatre heures, se réveillait une recrudescence dans la force du tir de la cité assiégée. Les journées même où le feu n'avait pas été très-vif, on était sûr qu'une forte canonnade d'une heure allait gêner les travailleurs du général Cialdini. Les officiers des extrêmes avant-postes, placés dans les lieux d'observation et armés de longues-vues, cherchaient à découvrir le motif de ce redoublement de vigueur.Ils remarquèrent qu'une jeune femme vêtue du costume calabrais, venait tous les jours à la batterie de la reine et assistait au tir. Elle arrivait souvent en voiture, parfois à cheval. Cette jeune femme, dont la présence au milieu des artilleurs, rappelle l'intrépidité de l'ennemie acharnée de Henri III, la bouillante duchesse de Montpensier, n'est autre que la reine de Naples dont notre gravure reproduit le pittoresque costume. Coiffée du chapeau calabrais et drapée dans ce vaste manteau, l'épouse de François II semble symboliser le génie de la Résistance.De son côté, le roi ne reste pas inactif. Tous les jours il visite les batteries accompagné de son état-major. Parmi les officiers attachés à la personne de S. M. on remarque les colonels de la Grange, d'Equevilley, de Mortilliet, le major de Christen, les capitaines de Cordon et de Lautrec, les lieutenants Urbain et Ferdinand de Charette, de la Chernay, de Maricourt, de Puyferrat, Pozzo di Borgo, de Legge et plusieurs autres Français.Les documents que nous a remis M. d'Equevilley, nous le montrent inspectant le rentrant d'une batterie de front. C'est surtout au milieu de ses intrépides artilleurs que François II montre la bravoure et l'énergie qui, jusqu'à présent, ont honoré sa courageuse résistance.
MAXIME VAUVERT.