Résumé : Arkansas, 2004, Garrard a dix-neuf ans lorsque ses parents apprennent son homosexualité. Pour ces baptistes ultraconservateurs, la chose est inconcevable: leur fils doit être « guéri ». Garrard est conduit dans un centre de conversion, où tout est mis en oeuvre pour le forcer à changer. Où la Bible fait loi. Où Harry Potter est un livre déviant, où écouter Beethoven est interdit. Où on lui inflige une véritable torture mentale pour corriger sa prétendue déviance. Mais comment cesser d’être soi-même?
Boy Erased est une immersion glaçante dans l’intégrisme religieux, le portrait d’un jeune gay en plein doute, mais aussi un message d’espoir sur l’affirmation de soi.
Avis : Garrard nous raconte son parcours dans un établissement de conversion. Comment ses parents ont appris son homosexualité, comment se sont passées les choses pour lui et comment il a atterrit là bas et ce que ça lui a fait. Le récit est assez décousu, Garrard nous parle du centre, puis de son passé, puis d’autres détails. Cela peut faire très embrouillés mais j’ai plutôt bien suivis l’histoire et emboité chaque petites choses comme un puzzle qui donne toute l’histoire.
C’est un livre assez dur par moment, Garrard a vécu des trucs bien dégueulasses, sans parler de l’hypocrisie de la religion. Ils sont tous là à parler de charité chrétienne blablabla, mais on a des passages où un Frère va dire que le mieux c’est d’envoyer des bombes atomiques au Moyen Orient pour régler le problème. Et ce n’est qu’un exemple parmi d’autre.
Le centre en lui-même est froid, tout y est interdit, la façon de s’habiller est contrôlé et tout ce qui est considéré comme trop féminin pour les hommes ou trop masculin pour les femmes, est détruit. C’est du lavage de cerveau, c’est vicieux et ça peut détruire des vies, puisque beaucoup de personnes se sont suicidés après être passé dans ce centre. C’est un endroit horrible, mais Garrard n’en parle pas tant que ça, on est plus souvent dans tout ce qui l’a emmené jusque là, ses pensées, sa relation avec ses parents. Pourtant Garrard va très mal vivre cet épisode de sa vie (ce qui est compréhensible), c’est quelque chose qui va jouer sur sa vie même dix ans après.
Le ton est peut-être un peu froid par moment, comme si l’auteur prenait de la distance avec tout ça, mais ça reste percutant j’ai trouvé. J’aurais peut-être voulu en voir plus sur l’établissement mais j’ai dévoré ce témoignage. Je ne sais pas pourquoi, mais ces derniers temps je suis très curieuse sur les thérapies de conversions, les dommages qu’elles ont causé (et causent toujours).
La fin m’a remué. Je ne sais pas si je regarderai le film, mais j’ai beaucoup aimé ma lecture.
Phrase post-itée :
« Le succès d’une conversion réussie vers une vie d’ex-gay reposait apparemment en grande partie sur une volonté inébranlable. Il fallait vouloir changer, en arriver au point où vous préfériez mourir plutôt que rester le même. »
Lecture validée pour le challenge jeu des dix familles :
Famille : Dans un autre monde
Personnage : Eadaz Uq-Nãra
Consigne : Un livre queer au sens le plus large du terme (expliquez-nous pourquoi !)
Livre : Boy erased, Conley Garrard