Quatrième de couverture :
Le jour où son cousin Sam, venu tout droit des États-Unis, vient habiter chez lui, la vie de Matthew prend une autre tournure. Elle devient même infernale car le cousin en question se révèle être un garçon arrogant au comportement insupportable. Pourquoi ne pas lui donner une bonne leçon ? Avec la complicité de ses copains, Matthew lance à Sam un défi téméraire : se déguiser en fille une semaine entière ! L’opération Samantha est déclenchée.
Suite au décès de sa mère, Sam, le cousin américain, issu d’un couple pour le moins atypique (mère très cool, père absent parce que souvent en prison) débarque en Angleterre dans une petite famille aux habitudes bien réglées et à la politesse guindée so british. Le cousin aux longs cheveux a vite fait de semer le désordre dans la maison et dans la bande de Matthew. Aussi les Sheds lui lancent-ils le défi de passer la première semaine de cours déguisé en fille. Voilà Sam transformé en une Samantha plus vraie que nature, censée infiltrer un groupe de filles pour en ramener des infos capitales sur leur mode d’emploi de fonctionnement. Face à l’inoxydable principale du collège, Samantha renverse les codes et fait une infiltrée plus vraie que nature. Mais voilà que son père, surnommé Crash Lopez, se met en tête de venir récupérer son gamin…
Voilà un roman sans prise de tête, qui fait passer un bon moment de détente malgré ses petits défauts et maladresses. Il semble exploiter des clichés bien accrochés comme les bandes de copains ou de copines bien genrés, le prof d’anglais qui préfère évidemment les filles plus studieuses aux garçons chahuteurs, la maman qui fait bouillir la marmite pendant que papa est un parfait homme d’intérieur. Il campe des adultes un peu caricaturaux (la mère intrusive de Tyrone, le père délinquant de Sam et sa petite amie ronronnante, le prof qui ne sort pas de ses cases) mais il ne faut pas oublier que le roman date de 2004 en anglais (2005 en traduction française). Alors, certes, comme je l’ai lu par ailleurs, il ne développe pas à fond les thèmes de l’homosexualité, de la bisexualité (et ne parlons même pas des transgenres – il y a seize ans, c’était ans doute encore trop osé dans la littérature pour ados) mais il a au moins le mérite d’aborder ces questions par le biais de l’humour et de faire un peu bouger les lignes – ou les cases – dans lesquelles garçons et filles sont parfois enfermés. Le rythme est assez soutenu, grâce à la narration polyphonique – quoique celle-ci peut perturber certains jeunes lecteurs moins aguerris.
« Bref, j’ai une famille tout à fait normale, mais dans une version revue et corrigée par un scénariste dyslexique, avec papa dans le rôle de Blanche-Neige et maman dans celui de sept nains ! »
« La parlotte, au-delà d’une certaine dose, ça devient toxique pour un garçon. On peut très bien communiquer en quelques mots, ponctués de quelques grognements, gestes ou mimiques. Mais elles, elles se sentent obligées de cancaner à propose de tout et de n’importe quoi. Dès qu’une idée éclot dans leur tête, et parfois même avant, il faut qu’elles en fasse profiter toutes leurs copines !
Si j’étais misogyne (ça, Dieu m’en garde!), je dirais que de ce point de vue, elles sont nettement plus superficielles que nous. »
Terence BLACKER, Garçon ou fille, traduit de l’anglais par Stéphane Carn, Gallimard Jeunesse, Collection Pôle Fiction, 2012 (Gallimard Jeunesse, 2005)