" Je suis vieux, je suis c@n ; qu'on me le dise, ça ne me choque pas ! " (Gérard Hernandez, le 27 janvier 2012 sur RTL).
La retraite à 65 ans, il ne connaît pas ! S'invitant au salon de 8 millions de téléspectateurs chaque soir (sur M6), l'acteur Gérard Hernandez atteint ses 90 ans ce vendredi 20 janvier 2023. Si son patronyme confirme son origine espagnole, tout son être, sa voix, son français en font un "bon" Français, voire un franchouillard dans interprétations.
Car Gérard Hernandez qui a déjà plusieurs carrières derrière lui est redevenu un adolescent retardé, agacé acariâtre, et cette seconde ou troisième jeunesse, qu'il a acquise à l'aube de ses 80 ans avec un bond pour sa notoriété (qui n'a jamais entamé sa modestie originelle : " Cet homme est d'une gentillesse et d'une simplicité déconcertante. " décrivait un internaute enthousiaste qui l'avait croisé dans la vraie vie). En effet, depuis le 9 novembre 2009, il est le fameux Raymond, le vieux schnoque ronchonnant du plus ancien couple dans cette série assez particulière, "Scènes de ménages" (une adaptation d'une série télévisée espagnole par Alain Kappauf).
Il faut dire que le look de l'acteur est facile à repérer : moustaches fournies, un peu chauve, et surtout, yeux très malicieux. Chez Gérard Hernandez, il y a un peu de Jacques Dufilho (pour le regard) et de Roland Magdane (pour les moustaches). Mathilde Seigner.
Cela fait plus de treize ans que le téléspectateur averti voit sa tronche chaque soir après le journal télévisé et avant le programme de début de soirée, en train de trouver mille et une astuces pour taquiner son épouse (Huguette dite Guéguette jouée par Marion Game) ou, plus encore, pour empapaouter tous les personnages extérieurs (voisins, passants, commerçants, amis, même leur propre fille jouée par Catherine Jacob). S'il n'a pas fait sa petite vacherie du soir, c'est qu'il doit être malade.
Prémonitions (Solace).
Anthony Hopkins.
Jean Bertho.
Souvent, ce genre de mini-série, elles sont très nombreuses à la télévision depuis le début des années 2000, est l'occasion de mettre en selle de nouveaux comédiens, ce fut le cas de nombreux acteurs (je cite dans le désordre et de manière non exhaustive Marina Foïs, Pierre-François Martin-Laval, Jean-Paul Rouve, Yolande Moreau, François Morel, Omar Sy, Alexandra Lamy, Jean Dujardin, Bruno Solo, Éric Judor, Ramzy Bedia, etc.). Le risque, bien sûr, c'est d'avoir un personnage beaucoup trop collé à la peau et de ne plus pouvoir en sortir dans d'autres fictions (ce fut peut-être le désespoir de Peter Falk). Ainsi, Audrey Lamy et Loup-Denis Elion ont quitté voire fui "Scènes de ménages" pour diversifier leurs interprétations.
Ou alors ces minis-séries sont l'occasion de repasser sous les projecteurs de vieux acteurs "sur le déclin" (façon de parler), ou de faire des clins d'œil en "guest stars". "Scènes de ménages" en a programmé plein comme amis du couple Raymond et Huguette, dont certains sont partis depuis longtemps dans d'autres cieux, en particulier : Michel Galabru, Kirk Douglas. Bernadette Lafont, Claude Gensac (pour les disparus), et Eddy Mitchell, Francis Perrin, Eva Darlan, Popeck, etc.
Pour Gérard Hernandez, c'est différent car il n'a plus une carrière à mener ; au contraire, il pourrait rester tranquillement en retrait ou en retraite bien méritée. Donc, il ne risque pas d'en pâtir pour d'éventuels futurs rôles ce qui fait qu'il semble, dans cette mini-série, le comédien le plus authentique, le plus épanoui. En somme, il s'amuse. Il se fait plaisir.
Et pourtant, ce n'était pas gagné car au début, il était très réticent car il trouvait "horriblement vulgaire" la série espagnole d'origine : " Quand j'ai accepté le rôle, je pensais que ça ne durerait que trois mois. ". En 2019 (dix ans après le début de la série), il ne comprenait toujours pas le succès de cette série dont il imaginait l'audience bientôt s'écrouler. Il s'épanouit sur les plateaux : " Les gens sont tellement formidables avec nous. J'arrive là-bas, on m'enlève mon manteau, on me donne mon jus de fruit, c'est Byzance. Je suis même étonné qu'on me paie en plus ! ". D'autant plus qu'il fait ce qu'il veut : " Nous avons une telle liberté de langage que c'est un exutoire ! ".
Il pourrait effectivement se reposer après près de soixante-dix ans de carrière au cinéma, au théâtre et à la télévision, comme comédien ou comme doublure dans les versions françaises. Une voix très agréable qui l'a poussé à faire le Grand Schtroumpf et le Schtroumpf grognon, ou encore Iznogoud dans les dessins animés reprenant ces personnages de Peyo et de Tabary dans les années 1980. Et plus généralement, il a adoré doubler pour de nombreux dessins animés réalisés pour les enfants, jusqu'à ce que tous se transformèrent en mangas beaucoup trop violents à son goût (il a doublé des centaines de films et dessins animés).
Au théâtre, Gérard Hernandez a été nommé deux fois pour le Molière du comédien dans un second rôle, en 1992 et en 1994, dont le dernier pour la pièce "Le Dîner de con" (mise en scène de Pierre Mondy au Théâtre des Variétés). Au cinéma, lorsqu'il était jeune (et arborait déjà de belles moustaches), un peu par hasard (il savait parler espagnol), il a fait des petits rôles dans de grands films aux côtés de grands acteurs comme Gérard Philipe, Louis de Funès, Jean-Pierre Marielle, Patrick Dewaere, Philippe Noiret, etc.
Julio Gerardo (ses vrais prénoms) joue parfois des rôles de flic (dans "Scènes de ménages", il est un ancien gendarme), et même à la télévision, il est le commissaire de police dans "Père et Maire", une série mettant en scène un duo entre un maire anciennement communiste et un prêtre ami d'enfance, dans un remake de Don Camillo et Peppone (la série, de Christian Rauth et Daniel Rialet, a été diffusée sur TF1 du 25 février 2002 au 30 novembre 2009).
Souhaitons-lui encore une longue vie de ménage pour continuer à balancer ses petites médisances à deux balles pour le plus grand bonheur des amateurs du second degré.
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (15 janvier 2023)
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