Quatrième de Couverture
On sait peu de choses sur Ashland, cette petite ville minière de Pennsylvanie qui n’en finit pas de se morceler, engloutie par les galeries qui courent dans son sous-sol. Pas de page internet ni de contacts extérieurs ; à croire que rien ne sort de la vallée.
Ainsi, lorsque Jessica y débarque pour vivre chez sa grand-mère, elle découvre une femme à l’image de la bourgade : pleine de froideur, de regards inquisiteurs, et de secrets. L’adolescente se retrouve confrontée à une communauté pieuse, où les traditions font office de lois, et rapidement, les mystères s’accumulent. Pourquoi les mines effrayent-elles tant les habitants, et pourquoi sa grand-mère refuse-t-elle de parler de la mort de son père, survenue dix ans auparavant ?
Jessica l’ignore, mais un compte à rebours a été enclenché dès son arrivée. Des murmures parcourent les bois, tandis que des tambours résonnent sous la terre.
L’Expiation approche, et l’heure du sacrifice a sonné.
Mon avis
Jessica est envoyée à Ashland chez sa grand-mère paternelle par sa mère qui préfère se consacrer à son copain du moment. La lycéenne découvre une ville où les habitants épient chacun de ses gestes et une grand-mère aussi froide que les lieux qu’elle intègre. Au sein de cette communauté pieuse et oppressante, Jessica prend conscience peu à peu de la folie qui anime la ville, alors que les visages se craquèlent au même rythme que les rues de la bourgade. La ville semble prête au sacrifice, dans la plus pure tradition barbare : les jours de Jessica sont comptés.
L’Expiation est un thriller fantastique au sens initial du genre : jusqu’au bout on se questionne, on se demande si les événements ont une explication rationnelle ou non. Ashland semble figée dans le temps tout en se délitant rapidement. L’ambiance y est sombre, humide et oppressante. L’oppression devient petit à petit étouffante, on suffoque, pris à la gorge, on cherche une bouffée d’air salvatrice jusqu’à la toute fin. Et lorsqu’on finit par inspirer un grand coup, c’est la chute finale, l’estocade fatale qui nous laisse en équilibre au bord du précipice.
Tout au long de ma lecture j’ai eu l’impression d’être plongée dans une histoire rappelant Le Village, film des années 2000 que j’avais beaucoup aimé.
Tous les éléments nous poussent à nous plonger dans cette ambiance, à sentir que les habitants d’Ashland cherchent à garder entre leurs griffes les jeunes générations. Jessica, elle, nous permet de comprendre au fil des pages ce qu’il se trame en ces lieux. Ou presque. J’ai à un moment été persuadée d’avoir compris la plupart des rouages de l’intrigue, voyant même dans la couleur de cheveux de Jessica un clin d’œil au film de Shyamalan. Et si j’avais effectivement compris certains détails, d’autres aspects m’avaient échappé et c’est tant mieux ! J’ai aimé le rythme de l’histoire, allant crescendo, ainsi que le fait de ne pas être plongée dans la psychologie des personnages secondaires : le récit se veut court et il fonctionne tel quel. C’est la vision de Jessica qui nous permet de suivre l’intrigue et elle n’est pas là pour entrer dans la tête de ses voisins : elle veut survivre, les fuir et on la comprend. Un poil de développement supplémentaire m’aurait cependant plu, notamment sur la ville et certains de ses rouages.
Enfin, le vrai point fort de ce roman est le style d’écriture très descriptif : il entre pile dans la catégorie que j’apprécie. Si la psychologie des personnages est survolée, le décor, lui est personnifié. Et c’est ce qui m’a plu : j’aime quand les lieux prennent le pas sur les protagonistes dans ce genre de roman. Après tout, Ashland est sûrement LE vrai personnage principal de L’Expiation, celui qui fut, qui est et qui sera après tous les autres. C’est un choix qui laissera sûrement quelques lecteurs au bord de la route mais qui m’a tendu une main que j’ai prise sans hésiter.
« Le froid. Il avait recouvert tous les murs d’une pellicule d’eau, et il ne se trouvait pas un objet qui ne soit pas moite. La tapisserie puait l’humidité, et des pots-pourris étaient placés à intervalles réguliers dans des coupelles en cristal pour dissiper l’odeur de moisi. Toutes les maisons du quartier se décomposaient-elles ainsi ? Ashland était connue pour avoir un climat très pluvieux, et ce, peu importe la saison. Et si ce n’était pas des torrents d’eau qui s’abattaient, c’était un brouillard opaque, chargé d’humidité, qui s’infiltrait dans les rues. La ville devenait alors une cité fantôme, invisible depuis le ciel. »