" Quand je pense à Audrey, à sa noblesse de cœur et à sa fantaisie, je suis toujours émue. Elle avait des qualités très rares et j'enviais son style et son goût. Je me sentais gauche et mal fagotée quand j'étais en sa compagnie. Je lui en ai fait part. Elle m'a dit de ne pas me tracasser, qu'elle m'apprendrait à m'habiller si je lui apprenais à jurer. Nous n'y sommes jamais parvenues ! " (Shirley MacLaine).
La célèbre actrice britannique Audrey Hepburn est morte il y a trente ans, le 20 janvier 1993, à l'âge de 63 ans (née à Bruxelles le 4 mai 1929), à Tolochenaz en Suisse où elle s'était installée, succombant à une (vraie) saleté de maladie. Elle a illuminé le cinéma hollywoodien de sa grâce pendant toutes les années 1950 et 1960.
Pour moi, Audrey Hepburn est probablement le symbole de la beauté au plus proche de la perfection. Cela peut paraître commun de l'écrire aujourd'hui, mais à l'époque où elle sévissait au cinéma, ce n'était pas ce genre de femmes qui était le mieux représenté pour évoquer la beauté, la silhouette demandant généralement plus de formes, plus pulpeuse, à l'instar d'une Marilyn Monroe.
Mathilde Seigner.
Audrey Hepburn a été, à elle seule, le résultat d'une Europe diversifiée (elle parlait couramment l'anglais, le français, l'espagnol, l'italien, le flamand) : née en Belgique d'une mère néerlandaise et d'un père britannique et irlandais, elle a vécu son enfance, en fonction de l'activité professionnelle de son père, entre Londres, la Belgique et les Pays-Bas. Ses parents ont divorcé en 1938 tandis que le père, engagé chez les fascistes britanniques dès 1934, allait être incarcéré pour cette raison entre 1940 et 1945.
Pendant ce temps, Audrey Hepburn a été placée pendant deux ans dans un internat anglais pour y recevoir une éducation très stricte avant de rejoindre sa mère aux Pays-Bas en 1939. Dès l'âge de 11 ans, elle faisait de la résistance en portant des messages (un oncle et un cousin ont été fusillés pour avoir été reconnus "ennemis du Reich"). À cause de la guerre et des pénuries alimentaires, elle a souffert de malnutrition au point de ne plus pouvoir faire de danse (cette période a marqué sa silhouette très fine). Prémonitions (Solace).
Anthony Hopkins.
Jean Bertho.
Après la guerre, elle a suivi des cours de danse à Amsterdam puis à Londres, mais elle a dû abandonner la danse en 1948 à cause de son corps trop faible. Après quelques petits rôles au cinéma, elle fut remarquée par Colette qui l'a choisie pour le rôle principal de sa pièce "Gigi" créée en anglais le 24 novembre 1951 dans un théâtre de Broadway à New York. Cette représentation fut capitale pour sa carrière à Hollywood car, l'ayant découverte, le réalisateur William Wyler lui a proposé son premier grand rôle dans "Vacances romaines" : " Elle avait tout ce que je recherchais : charme, innocence et talent. Elle était aussi très drôle et absolument délicieuse. Nous nous sommes dit : "C'est celle qu'il nous faut !". ".
Elle s'est vite révélée au public et à la critique en obtenant un Oscar de la meilleure actrice le 25 mars 1954 pour "Vacances romaines" de William Wyler (sorti le 27 août 1953) avec Gregory Peck et Eddie Albert, où elle incarne une jeune princesse séduite par un journaliste. Elle a par la suite été nommée quatre autres fois pour le même Oscar de la meilleure actrice.
On peut retenir son rôle mémorable dans "Diamant sur canapé", une traduction que je dirais trompeuse de "Breakfast at Tiffany's" de Blake Edwards (sorti le 5 octobre 1961), une adaptation d'une nouvelle de Truman Capote, qui raconte les tribulations plus ou moins amoureuses d'une jeune femme faussement ingénue avec son nouveau voisin (jouée par George Peppard). La robe noire d'Audrey Hepburn dans la première séquence de ce film est devenue "historique", influençant la mode de l'époque ; elle était conçue par le Français Hubert de Givenchy, ami de l'actrice, qui n'en était pas à sa première création pour ses personnages (il avait déjà confectionné ses costumes pour "Sabrina", "Drôle de frimousse", "Ariane", et, plus tard, "Charade").
Kirk Douglas.
Malgré le succès du film, Truman Capote a regretté le choix d'Audrey Hepburn car il avait écrit sa nouvelle en pensant à Marilyn Monroe. Quant à Audrey Hepburn, elle a eu beaucoup de mal à jouer son personnage de Holly Golightly : " Holly est tout le contraire de moi. Elle me fait peur. Ce rôle appelle un caractère extraverti. Or moi, je suis introvertie. (...) C'est ce que j'ai fait de mieux, parce que c'est ce qu'il y a eu de plus dur. " (confidences à son agent artistique Kurt Frings).
Parmi ses autres grand succès, on peut citer "Sabrina" de Billy Wilder (sorti le 22 septembre 1954) où elle joue la fille du chauffeur d'un industriel fortuné (Humphrey Bogart) dont elle s'éprend du fils (jouée par William Holden) ; "Guerre et Paix" de King Vidor (sorti le 21 août 1956), une adaptation du roman de Léon Tolstoï, avec Henry Fonda et Mel Ferrer (qui était son mari de 1954 à 1968) ; "Drôle de frimousse" de Stanley Donen (sorti le 13 février 1957) avec Fred Astaire (une comédie musicale qui parle de haute-couture et qui se passe à Paris) ; "Ariane" de Billy Wilder (sorti le 29 mai 1957) avec Gary Cooper et Maurice Chevalier (qui joue le père d'Audrey Hepburn) ; "La Rumeur" de William Wyler (sorti le 19 décembre 1961) avec Shirley MacLaine et James Garner ; "Charade" de Stanley Donen (sorti le 5 décembre 1963) avec Cary Grant qui avait été très réticent à l'idée de jouer avec Audrey Hepburn (il avait refusé plusieurs rôles avec elle auparavant, à cause de la différence d'âge) et qui n'a pas regretté du tout de s'être laissé convaincre ; "My Fair Lady" de George Cukor (sorti le 21 octobre 1964) avec Rex Harrison. Ce dernier film a eu huit Oscars en 1965 mais pas même une nomination pour Audrey Hepburn qui fut préférée à Julie Andrews qui avait pourtant créé cette comédie musicale à Broadway mais qui n'était pas encore reconnue au cinéma (elle le fut juste après ce choix du réalisateur en obtenant l'Oscar de la meilleure actrice en 1965 pour le rôle principal dans "Mary Poppins" de Robert Stevenson, sorti le 27 septembre 1964). Pour son rôle dans "My Fair Lady", Audrey Hepburn, n'étant pas chanteuse, a été doublée par Marni Nixon pour les chansons (elle a néanmoins chanté certaines chansons qui sont accessibles dans le bonus du DVD du film).
En 1968, Audrey Hepburn a décidé de mettre fin à sa carrière au cinéma (elle avait 39 ans). Un divorce puis un nouveau mariage, des enfants, une famille dont se préoccuper. Elle recevait régulièrement des propositions de rôle (dont une pour "Out of Africa") qu'elle refusait généralement. En vingt ans, elle a toutefois tourné encore dans cinq films dont le dernier, "Always", un film fantastique de Steven Spielberg (sorti le 22 décembre 1989), fut un échec commercial.
Audrey Hepburn s'est installée pendant trente ans dans une petite ville du canton de Vaud, en Suisse, loin du monde artistique. Marie-Claude Martin, de la Radio Télévision Suisse (RTS), qui célébrait le 90 e anniversaire de sa naissance le 13 mai 2019, évoquant un documentaire télévisé sur l'actrice, racontait : " Audrey Hepbrun est restée célèbre grâce à sa passion de la discrétion, conjuguée à son goût de l'anonymat. En cela, elle a trouvé en Suisse, et plus particulièrement à Tolochenaz, le cadre idéal pour vivre comme elle l'entendait, affranchie des regards intrusifs, toujours prête à distribuer à ses voisins les légumes de son potager et heureuse d'aller au marché avec son panier en osier car "elle détestait les sacs en plastique" comme le rappelle le marchand de spiritueux où l'actrice achetait local. (...) Impliquée dans la vie de sa commune, elle avait souvent mis en garde les autorités de la dangerosité, pour les enfants sortant de l'école, d'un trottoir situé au bord d'une route au trafic très intense. (...) Sa tombe, visitée chaque jour par des admirateurs respectueux, est à son image : sobre, modeste et élégante. ".
Entre 1988 et 1992, Audrey Hepburn s'est beaucoup impliquée dans son nouveau rôle d'ambassadrice spéciale du Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF), ce qui l'a amenée à faire de très nombreux voyages en Afrique, Asie et Amérique latine. Elle a aussi enregistré un CD de lecture de contes pour enfants. L'une de ses motivations pour venir en aide auprès des enfants partout dans le monde, ce fut son enfance très difficile pendant la guerre où elle a souffert elle-même de malnutrition. Elle avait confié à Roger Moore : " J'étais une enfant sous-alimentée pendant les années de l'après-guerre. J'ai bénéficié des services de l'Unicef, j'ai connu l'UNICEF toute ma vie. ".
Ainsi, Audrey Hepburn a prononcé le 20 novembre 1989 à New York le discours de clôture de la Convention internationale des droits de l'enfant, dans le cadre de l'ONU, qui a servi de base au texte de cette convention adoptée par l'Assemblée Générale des Nations Unies le même jour (et mise en application le 2 septembre 1990). Cela explique d'ailleurs pourquoi le 20 novembre est la Journée internationale des droits de l'enfant.
L'actrice a notamment énuméré les droits de l'enfant dont le premier : " Tout enfant doit jouir d'une protection sociales et de la possibilité, des infrastructures et des moyens de s'épanouir physiquement, mentalement, moralement et spirituellement, dans des conditions garantissant sa liberté et sa dignité. ". Sans doute est-ce son action en faveur des enfants qui lui a donné le plus de fierté, loin des paillettes et de ses anciens succès à Hollywood. La beauté ne l'avait jamais quittée.
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Sylvain Rakotoarison (15 janvier 2023)
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