Calcaire

Par Vertuchou

En souvenir de Guillaume Apollinaire

La mer où tu dormis naguère,
Quand le temps n'avait pas de nom,
Reflua : tu devins lumière,

Page insérée au droit des monts,
Falaise d'or vague, ou laiteuse
Compagne des chemins profonds,

Citadelles de roches creuses,
Villes fantômes où le soir
Ranime d'obstinées veilleuses,

Dolines, margelles d'espoir
Gardant aux blés leur confidence
Ou la paix aux vieux abreuvoirs,

Blancs autels tendus à l'offense
Des pluies qui s'ouvrent peu à peu
La voie de secrètes mouvances,

Frontons d'hermine ou longs épieux,
Gerbes illuminant la gloire
De grottes closes sur leurs cieux...

Beau calcaire, notre mémoire,
Avons-nous assez navigué
Sans nous soucier d'autre histoire
Qu'un baiser qui nous fut légué
À la pierre où nous allions boire ?

André Miquel

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