Louise et Pauline ont été séparées par l’ASE pendant 7 mois, des mois interminables et douloureux traversés par la petite fille. Défendue par Maitre Pauline Rongier et soutenues par des dizaines d’associations de protections maternelles et infantiles, de lutte contres les violences conjugales, de professionnels de l’éducation, élus, ministres et artistes, mère et fille sont enfin réunies depuis le mois de décembre.
L’affaire commence en janvier 2022, lorsque la crèche signale des suspicions de violences sexuelles sur l’enfant. Interrogée par sa maman puis une psychologue, Louise 2 ans et demi leur « raconte » l’inceste dont elle serait victime. Mais contre toute attente le juge des enfants ordonne son placement le 24 mai 2022.
« Je me suis effondrée à l’audience quand il a été décidé du placement de Louise » se souvient Pauline Bourgoin. « Trois inconnues se sont présentés à la crèche et l’ont conduite dans une famille d’accueil à des dizaines de kilomètres de notre maison ».
Hébergée par 5 familles d’accueil
La mère n’est pas l’agresseur de sa fille, et pourtant l’ASE ordonne un placement immédiat. Comme Louise, chaque année en France plus de 300 000 enfants sont placés en famille d’accueil ou bénéficie d’une prestation de l’aide sociale à l’enfance (ASE).
« Cette mesure de protection est prise lorsqu’un enfant est en danger dans le milieu familial ou soit parce que les difficultés rencontrées des parents compromettent gravement les conditions d’éducation ou le développement de l’enfant sur le plan physique, affectif etc. » explique Stéphan, éducateur spécialisé.
Sans considérer les nombreux traumatismes de la petite fille (inceste supposé, séparation maternelle brutale, 5 familles d’accueil), l’Aide sociale à l’enfance ne lui accorde aucun accompagnement psychologique. Et maintient l’autorité parentale du père, par conséquent son droit de garde.
La levée de placement, pas à l’ordre du jour
Après un parcours de combattant, Pauline Bourgoin obtient un « droit de visite et d’hébergement continu ». Puis « soulagée » la maman apprend du juge le 29 novembre 2022, la mise en place du « Dispositif d’Accompagnement à Domicile » (DAPAD). Accordé à l’appui de nouveaux rapports, d’expertise psychiatrique, Pauline et Louise sont enfin réunies. Mais, à ce stade, déplore Pauline « la levée du placement est exclu par le tribunal ».
Le DAPAD, explique Sarah assistante sociale depuis 16 ans « est un placement du mineur au domicile des parents avec une présence régulière des éducateurs sur la semaine et la possibilité de mise à l'abri de l’enfant temporairement lorsque la situation familiale le nécessite ».
b[Des visites surveillées exigées pour le père ]b
Si Louise dort paisiblement ses nuits sous la protection et l’amour de sa maman « elle est en détresse lorsqu’elle revient de chez son père » confie la jeune mère. Pour la sécurité et la protection de Louise, Pauline et son avocate implorent à la justice en vain depuis le début de l’affaire que « les suspicions d’inceste fasse l’objet d’une réponse judiciaire adaptée » et la mise en place en urgence de visite médiatisée pour le père.
Un happy-end attendu pour la petite Louise
La justice peut ordonner que le droit de visite de l’enfant soit médiatisé. C’est-à-dire exercé en présence d’un tiers. « Dans ce cas précis, l’objectif est de protéger, accompagner et évaluer la relation entre l’enfant et son père suspecté d’inceste » souligne l’éducateur.
Transformée par cette épreuve, la jeune maman espère de tous ses vœux en cette nouvelle année 2023 convaincre le juge de protéger Louise et de lui confirmer la garde exclusive. Audience le 18 janvier 2023 au Tribunal d’Orléans. « Le déni social de l’inceste ne doit plus conduire à ignorer la parole des enfants et à discréditer le parent qui entend cette parole » insiste Pauline Rongier son avocate.
Nathalie Khâ
Journaliste
Auteure de "Mon enfer dans une famille d'accueil"
Journaliste - Chroniqueuse Formée à l'ESJ Paris - INA - EMI - Formation Club France... En savoir plus sur cet auteur
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