Un humain amnésique (voilà qui permet au scénariste de s'épargner la peine de lui mettre un background sur le dos) se retrouve embrigadé dans une troupe de gladiateurs. Il va même rapidement en devenir le leader car, s'il ne se rappelle pas son nom, il sait encore comment distribuer des baffes. Il va notamment attirer l'attention du recruteur en embrochant un crocilisque (une sorte de gros crocodile en plus mordant) à l'aide d'un petit bout de bois trouvé par terre, de quoi rendre dingues de jalousie tous les finalistes de Koh-Lanta. A ses côtés, Valeera, la jeune elfe, pourra se pâmer d'admiration et se mettre dans des situations périlleuses pour tester le héros tandis que le gros Broll fera office de bon copain bourru...
On avait déjà donné dans l'adaptation de jeu de combat tactique avec Warhammer 40,000, voici maintenant que l'on fait un détour par le MMORPG (jeu de rôle multijoueurs en ligne). Le scénario est signé Walter Simonson, un auteur ayant déjà officié sur une foule de titres chez Marvel ou DC (sans réellement marquer son passage d'ailleurs...ou bien je suis mauvaise langue ?). Le vieux Walt avoue de bonne grâce que l'histoire est une "combinaison de son travail et de l'apport de Blizzard" (la boîte a qui appartient le jeu), comprenez par là qu'il a fallu en passer par des figures imposées. Et quand les pontes d'une boîte de jeu vidéo californienne imposent des idées, elles sont forcément stéréotypées (n'est pas auteur qui veut). L'on se retrouve donc avec un héros fadasse, des méchants caricaturaux aussi effrayants que Casimir et une psychologie des personnages qui va se limiter à des réactions basiques de type "je frappe", "je coupe", "j'arrache", "quand est-ce qu'on mange ?".Bon, il y a bien une tentative de "buddy comic" avec l'opposition Valeera/Brool, m'enfin, même Riggs et Murtaugh ont pris un coup de vieux depuis la 24ème diffusion de Lethal Weapon, alors une elfe et un tauren, même s'ils cabotinent moins, ne vont pas nous bluffer plus que ça.
Mais passons maintenant à la partie graphique de l'oeuvre. Elle est assurée par Ludo Lullabi, un artiste français que l'on retrouve aussi sur Lanfeust Quest (une adaptation manga de la BD européenne qui a viré à la crétinerie profonde lorsque cette production 100% française a été publiée dans le sens de lecture...japonais).Ludo nous dit qu'il a tenté de coller au plus près de l'univers du jeu, il précise d'ailleurs que les p'tits gars de chez Blizzard sont très contents de son travail. Les lecteurs, eux, risquent de l'être un peu moins, sauf s'ils sont amateurs de personnages grossiers et de couleurs criardes. Le style général tire sur le manga, ce qui pour un européen qui fait du comic est un peu paradoxal, mais bon, passons. La colorisation manque singulièrement de nuances et vous incitera à vous précipiter sur vos vieilles Ray-ban version Poncherello ou version Sarkozy si vous en avez de plus récentes (quoi ? c'est pas parce qu'on est président qu'on va bêtement se laisser abîmer la rétine !).Il reste bien quelques jolis effets de lumière, genre contre-jour sur coucher de soleil, pour sauver le tout, mais bon, ça ne rattrape pas l'aspect simpliste des personnages ni le côté brouillon des combats, l'action étant parfois fort difficile à suivre (un hommage caché à Saint Seiya Episode G ?).
L'ensemble est si mauvais que pris au 2ème degré, ça peut encore convenir aux amateurs de WoW voire, tout simplement, aux lecteurs qui ont envie de mettre leur cerveau sur la table de nuit le temps des deux épisodes regroupés ici. C'est vendu 4,20 €, un prix qui reste raisonnable, il aurait été difficile de demander plus de toute façon.La revue contient également deux petits entretiens avec Simonson et Lullaby. On s'en serait voulu de rater ça.