Quand j’ai mis mon pas dans ceux d’Hélène Dorion, je me suis risqué dans le temps. C’est un autre nom de la forêt, mais pas le temps compté, plutôt celui du désordre, des cicatrices, de « l’écorce blessée », du « bégaiement des feuilles », du « chant des ailes ».
« mes forêts sont lièvres et renards
jungle d’insectes qui scintillent
un soir d’été quand c’est l’hiver
elles sont coyote ours noir orignal
sittelle geai bleu mésange »
Elles sont percées d’étoiles.
Dans ce « bruit du monde », Hélène Dorion avance, parfois dans la neige, et sort progressivement d’une sorte de solitude où « la chute ne fait aucun bruit ». Elle va vers un autre, vers « toi », et « alors nous rêvons ».
Ensemble, nous retrouvons l’histoire, celle des commencements par où finit ce livre, celle de la terre, des mots, des arbres et des oiseaux qui « recommencent à voler ».
Ma lecture de ce livre me reconduit à Fabienne Raphoz, à Anne Paulus, à une photo de Thierry Cohen, et à Thomas King.