Au lieu de les contraindre à déposer d'abord leurs chèques sur leur compte courant avant de pouvoir effectuer un versement sur leur portefeuille, en rallongeant de la sorte inutilement les délais de traitement, l'application mobile de Chase propose désormais à ses utilisateurs de sélectionner dès la numérisation du document la destination de la somme correspondante parmi les différents produits détenus, libres ou réglementés. Le mouvement est alors enregistré sous 24 heures, en une seule démarche.
De toute évidence, l'initiative sera appréciée de toutes les personnes qui devaient jusqu'à maintenant réaliser ces opérations en deux étapes, avec toutes les frustrations et les risques d'erreur que ces manipulations peuvent engendrer. Cependant, la banque est certainement tout aussi intéressée économiquement à cette optimisation des procédures, susceptible d'encourager ses clients à rediriger plus souvent l'argent qu'ils perçoivent vers l'investissement ainsi qu'à privilégier leur compte Chase pour ce faire.
Sans remettre en cause les bénéfices incontestables du dispositif, il est tout de même consternant de constater que, en 2023, le chèque imprimé (heureusement virtualisé dans une partie de plus en plus importante de son cycle de vie) continue à faire l'objet d'innovations dans l'industrie. Car il faut croire que si de tels efforts sont jugés nécessaires, c'est bien que les consommateurs maintiennent un usage soutenu de cet instrument non seulement désuet mais surtout totalement dépassé aujourd'hui. Et cette situation est largement due à l'attitude des banques vis-à-vis de son éradication.
En effet, outre la simple passivité, matérialisée par l'absence quasi universelle de toute velléité d'abandon proactif, chaque nouvelle solution qui, à l'instar de celle de J.P. Morgan, rend son recours plus efficace, en fait en réalité automatiquement la promotion et entretient sa survie au-delà du raisonnable. Prises entre le désir d'améliorer l'expérience du client et les envies de supprimer les vestiges de l'ère du papier, les institutions financières ne parviennent pas à choisir et s'enfoncent dans un double piège de coûts, de gestion des chèques, d'une part, et de projets pour s'en accommoder, d'autre part.