Déjà couvert des traces chantantes de tous les vents du monde.
Déjà la tête ensanglantée par toutes les lueurs de la folie
Déjà le corps tordu par les vagues rongées de la mort
Déjà enseveli entre deux tempêtes de songe
Déjà écartelé au bout d’un escalier de brûlures
Déjà piétiné par les douleurs des abîmes foudroyés
Déjà déjà déjà.
Je parle et par mes lèvres plus amères que
les couteaux du soleil
plus luisantes que le sang de la terre
s’élève une tempête de colonnes
de temples en flammes
d’animaux sans races mais pourtant
qu’une sorte d’amour scintillant rejoint
qui s’avancent et reculent
tout étonnés à de tels prodiges
de participer
et pourtant déjà noyés dans des planètes inconnues
dont une pierre de mon chemin
connaît seule la marche et le destin
***
André de Richaud (1907-1968) – Marc Alyn, André de Richaud (Seghers/Poètes d’aujourd’hui,1966)