Vu ce jour sur le site de Jeff Foster
"UNE CONFESSION
Il m'a fallu BEAUCOUP de temps pour arriver à mettre des mots sur ce qui suit...
Vous voyez, d'une part, mon expérience de la maladie neurologique de Lyme en 2020-2021 a été la période la plus terrifiante, bouleversante, intense de ma vie. Elle m'a emmené à la limite de mes capacités. Elle m'a bouleversé et rendue humble. Elle a ouvert mon cœur à la compassion pour TOUS ceux qui souffrent - physiquement, mentalement, avec des conditions aiguës ou chroniques. Pour ceux qui souffrent en silence. Pour ceux qui sont ignorés, étouffés, moqués, rejetés parce qu'ils sont malades, accusés de simuler, d'"inventer" des maladies pour attirer l'attention, ou de "créer" leurs maladies en vivant mal.
J'ai failli mourir, mais, contre toute attente, j'ai fini par m'en sortir. Je sais à quel point j'ai de la chance. Et je suis éternellement reconnaissant aux médecins, aux amis et aux inconnus qui m'ont soutenu - médicalement, émotionnellement, financièrement. J'ai découvert qui sont mes vrais amis. Je n'oublierai jamais, jamais, ceux qui m'ont cru et qui m'ont aidé à obtenir les bons traitements.
Mais quelque chose d'autre s'est produit, et c'est ce qui m'a pris tant de temps à mettre en mots...
Je me trouve dans un état de Présence plus profond que jamais auparavant. Radicalement plus profond. Plus profond de façon indescriptible. Cela semble être un sentiment continu et profond de relaxation du corps, de relaxation au niveau cellulaire, au niveau de l'âme. Mais plus que cela. Beaucoup plus...
Je me trouve ces jours-ci dans un état radical de non-savoir. Un pur mystère. Je suis comme un enfant libre à l'intérieur. Chaque jour est un miracle pour moi. Regarder un nuage me fait pleurer. Respirer l'air lors de ma promenade matinale m'émeut si profondément que je ne peux pas l'exprimer avec des mots. Un jour n'est pas simplement un jour, c'est un miracle, qui se déroule dans une immensité indicible, Dieu dans la forme.
Toute notion de temps a disparu. Je ne sais plus si c'est le matin, le soir ou la nuit. Aucune idée du tout. Ce n'est pas alarmant. Au contraire, c'est une libération du temps. Le temps passe à travers moi, je ne passe plus à travers le temps. Le temps a explosé et est devenu totalement infini. Un jour ressemble à un million d'années. Si j'ai besoin de "connaître le temps", je peux me référer à la pensée avec ses cadrans d'horloge, sa linéarité et ses récits. Mais autrement, il n'y a pas de temps pour moi. Aucun temps du tout. Le mensonge du temps s'est dissous. Je vis dans le Mystère.
Je ne sais plus si je suis éveillé ou endormi, vivant ou mort. Toutes les oppositions sont tombées. Si un concept est nécessaire, un mot, une phrase, je peux toujours y accéder. La banque de mémoire est toujours là. Si vous me demandez, je dirai que je suis "vivant". Ou je dirai que je suis "éveillé" et non endormi, et ainsi de suite. Mais sans la pensée, je n'ai aucun moyen de savoir.
Encore une fois, ce n'est pas alarmant. C'est l'état naturel. Un état d'émerveillement, un état d'unité radicale avec la vie, non perturbé, avant le surgissement de la pensée. Et pourtant, même ces mots, "unité radicale avec la vie", et tous les autres mots spirituels fantaisistes, ne sont que des descriptions, des sons, et non l'expérience. Je ne peux pas raconter l'expérience. Quand je parle, ce n'est pas ça.
Il semble que je me sois fondu dans une profonde intimité avec la vie. Mes sens sont exacerbés, ils ne sont plus émoussés par la pensée, par les idées, par le fait d'essayer de s'intégrer, de plaire à quelqu'un, d'être "spirituel" ou par toute autre absurdité. Je vis profondément dans le moment présent. C'est ma maison et mon sanctuaire, mon terrain de jeu et mon lieu de repos.
Je pense que la maladie, aussi terrifiante qu'elle ait été et aussi ravageuse qu'elle ait été pour mon corps physique, mon système immunitaire, mon système nerveux, a purgé quelque chose ici. Peut-être que certaines couches finales de traumatisme, ou certaines défenses finales contre la pure intimité avec la vie sont tombées, je ne sais vraiment pas.
Tout ce que je sais, c'est que je suis à nouveau un enfant, amoureux des gouttes de pluie, de la maladresse, de la vérité radicale et de la sensation d'être en vie.
J'écrirai davantage sur tout cela lorsque les mots viendront, cet état de profond repos et de relaxation dans lequel je me trouve, cet état miraculeux d'Inconnaissance, ici de l'autre côté de l'enfer.
J'écris tout cela non pas pour me vanter ou me pavaner ou avec un quelconque sentiment d'arrogance, rien de tout cela. Je suis sincèrement fasciné par ce qui m'est arrivé. C'est peut-être la bénédiction de l'autre côté de cette terrible maladie - un réveil encore plus radical, une appréciation encore plus profonde de la vie et un enracinement dans la vérité. J'espère que cela donne de l'espoir à certains d'entre vous.
Et pourtant, je suis plus ordinaire que jamais ces jours-ci. Plus amoureux de ce corps, de ce royaume terrestre, de cette forme humaine imparfaite. Ces moments ordinaires sont le Nirvana ; la Conscience est indissociable de tout ce qui surgit en elle. Je passe des heures à jouer avec notre chat. Il n'a pas besoin que je lui explique la vie. Il la vit, parfaitement, sans même essayer. Il est mon professeur.
Je suis devenu un peu plus comme un chat. Miaou.
- Jeff Foster, trad JLR