Son mandat devait prendre fin l'été dernier. Pourtant Martin Adjari, directeur général adjoint de l’Opéra national de Paris est toujours en poste au 10 janvier 2023, au grand étonnement du personnel. Selon certains de ses collaborateurs, l’actuel DGA âgé de 54 ans s’inquièterai de son avenir au sein de la prestigieuse maison. Il ne manque toutefois pas de soutien et de consolation. « Martin est indispensable pour diriger l’Opéra » déclarait dans son discours en mai dernier le patron de l’Opéra Alexander Neef lors de la remise de la Légion d’honneurà son adjoint.
Une cérémonie, quelque peu assombrit par des dénonciations inattendues de l’ancien supérieur hiérarchique de Martin Adjari à Radio France, Jean-Paul Cluzel. Le Président-directeur général de l’établissement public en fonction de 2004 à 2009 jette à l’auditoire, le passé embrassant du récipiendaire. « Tu ne m’en voudras pas Martin, mais ton intégrité fut mise en cause dans le dossier Bygmalion (…) . La République sert à préserver l’honneur ! ».
Entre 2012 et 2014, alors Directeur général délégué aux finances de France Télévision à l’époque des faits, il signe une soixantaine de contrats : véhicules, taxis, études, conseils, prestations informatiques, etc sans appels d’offres « en infraction à la loi » juge la Cour des comptes.
Une condamnation embarrassante
Martin Adjari est interrogé par la Cour de discipline budgétaire et financière (CBDF) en qualité de témoin assisté « (…) . Elle conclut « chargé des ressources de France Télévisions bénéficiant d’une délégation de pouvoir du président de France Télévision a signé un certains nombre de contrats et avenants irréguliers ». Il sera condamné à payer une amende de 2500 euros. Une somme « bien dérisoire par rapport à la somme totale de plus de 100 millions d’euros que représente l’ensemble de ces contrats passés illégalement » objecte Médias CGC sur son blog.
« Son passé judiciaire est incommodant pour la réputation de l’Opéra » regrette Mathieu, impatient de connaitre le nom du successeur du haut-fonctionnaire. Julien admirateur de son parcours nuance « juste une ombre à son tableau d’honneur ». Diplômé de l’ENA en 1999, Martin Adjari enchaine de prestigieuses fonctions. Il intègre plusieurs cabinets ministériels, ceux de l’Economie et des finances ou de la Culture avant de diriger en 1999 Radio France Internationale (RFI), Radio France en 2004 et France Télévision de 2010 à 2014 …
Son bilan est néanmoins contesté en interne. « Les postures de la direction générale présage des mauvaises augures concernant nos postes, nos salaires et nos conditions de travail (…) avec une telle direction, l’avenir n’est ni sérieux, ni radieux… » rapporte dans un bulletin un syndicaliste.
Un pas vers la parité
Des noms circulent depuis plusieurs semaines au sein de l’établissement public pour remplacer le numéro 2. Ceux de Philippe Logak, mécène du centre de musique baroque de Venise, Haut fonctionnaire, rapporteur général du haut-commissaire au plan François Bayrou, Sylvain Fort ancien conseiller auprès du Président de la République, directeur de la publication de Forumopera.com, directeur artistique de la collection de François Pinault, associé de l’Agence Partner ... « Aucun patronyme de femme n’est énoncé pour remplacer Adjari ! » s’étrangle t’-on à Bastille .
Parmi les 23 candidatures pour succéder à Aurélie Dupont démissionnaire en juin de la direction du Ballet de l’Opéra, figuraient 9 femmes. Le comité de sélection, présidé par Bernard Stirn, président honoraire du Conseil d’administration de l’ONP avait retenu le danseur étoile espagnol José Martinez pour diriger les danseuses (rs). Un choix en contradiction avec les positions affichées de l’Opéra sur l’égalité depuis quatre ans. Détentrice du label certifié par AFNOR « Egalité entre les femmes et les hommes » en 2018, la direction se défend dans les médias de promouvoir l’égalité professionnelle « en veillant à la mixité de certaines professions ou à la nomination de femmes à des postes de responsabilité, jusqu’au comité de direction de l’Opéra, qui est paritaire ».
Un organigramme 100% masculin
A ce jour, la direction est 100% masculine. L'organigramme mentionne : un directeur général Alexander Neef, un directeur musical Gustavo Dudamel, un directeur de la danse José Martinez et un directeur général adjoint Martin Adjari. En 2006, Reine Prat inspectrice général de la création, des enseignements artistiques et de l’action culturelle au Ministère de la culture constatait que si les femmes étaient à peu près à parité pour les postes d'administration dans la culture, leur proportion s'effondrait pour les postes de direction, occupés entre 75% et 98% par des hommes. « Ces dernières sont toujours absentes des plus hauts postes de direction ... à l’image du Conseil d’administration dont la parité est absente... Côté Direction, le chemin est encore long... » raille un employé.
Celui-ci garde espoir après avoir entendu les vœux du Président Emmanuel Macron le soir du 31 décembre. « C’est par notre travail et notre engagement que nous bâtirons une société plus juste (…) où l’égalité entre les femmes et les hommes est effective (…) la grande cause de mes deux quinquennats, continuera d’alimenter le travail du Gouvernement et de nourrir l’action chaque jour ». Au tout nouveau conseiller culture à l’Elysée Philippe Béléval de concrétiser les déclarations du Président » juge une responsable de l’Opéra.
Après les promesses, cadres, techniciens, artistes espèrent des actes. La succession ou le renouvellement de mandat du directeur général adjoint devrait-être annoncé par la ministre de la Culture Rima Abdul Malak dans les prochains jours en Conseil des ministres, d’après un membre du Conseil d’Administration de l'Opéra.
NK
Journaliste - Chroniqueuse Formée à l'ESJ Paris - INA - EMI - Formation Club France... En savoir plus sur cet auteur
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