Brasilia : selon Lula, des vandales fascistes !

Publié le 09 janvier 2023 par Sylvainrakotoarison

" [Lula] peut compter sur le soutien inébranlable de la France. " (Emmanuel Macron, le 8 janvier 2023).

Est-ce une tentative de putsch comme l'Amérique du Sud en est si coutumière (entre autres, car d'autres continents en sont coutumiers également) ? Ou est-ce une manifestation un peu trop explicite de colère d'avoir perdu les élections ? En tout cas, ce ne sont pas des gilets jaunes (seulement 2 000 dans les rues de Paris le samedi 7 janvier 2023 !), au moins des gilets jaunes et verts aux couleurs nationales du Brésil... et même, pour certains nostalgiques, de l'Empire du Brésil, période qui s'étend du 12 octobre 1822 au 15 novembre 1889 ? En tout cas, l'insurrection à Brasilia des partisans de l'ancien Président Jair Bolsonaro, en envahissant les institutions politiques les plus hautes du Brésil, a de quoi inquiéter une nouvelle fois sur la santé de la démocratie brésilienne.
Des centaines de partisans de Jair Bolsonaro (certains ont estimé jusqu'à 4 000) ont envahi ce dimanche 8 janvier 2023 les palais nationaux dans la capitale du Brésil : la Cour suprême du Brésil, le Congrès national du Brésil, et même, le Palais du Planalto, résidence du Président du Brésil. Comme c'était dimanche, ces locaux étaient vides. Les forces de l'ordre ont mis longtemps à réagir, puis ont procédé à au moins 150 arrestations tout en tentant de rétablir l'ordre public (avec des bombes lacrymogènes). Brésil 2022 : grande incertitude électorale.
Au Brésil, le choc des titans...
Le Président Lula, qui, élu le 30 octobre 2022, venait d'être intronisé à la tête du Brésil le 1 er janvier 2023 en l'absence de son prédécesseur et adversaire Jair Bolsonaro, parti aux États-Unis (à Orlando, en Floride), était absent, lui aussi, de Brasilia (il était à Araraquara, dans l'État de Sao Paulo) et a réagi avec fermeté en considérant ces insurgés comme des " vandales fascistes ". Il souhaite punir tous les fauteurs de trouble qui refusent de reconnaître sa victoire démocratique et qui s'en prennent aux institutions.
On se rappelle aussi que son prédécesseur avait tenté d'organiser la paralysie sur les routes par blocages de camions afin d'empêcher certains habitants d'aller voter au second tour le 30 octobre 2022, sans succès puisque finalement, Lula a gagné avec un écart suffisamment large pour que les personnes de bonne foi et honnêtes intellectuellement ne puissent pas contester sa victoire.
Il est impossible de ne pas faire le parallèle avec l'invasion du Capitole à Washington le 6 janvier 2021, quelques jours avant l'avènement de Joe Biden à la Maison-Blanche. Ces deux faits, extrêmement graves pour le respect de la démocratie, paraissent des farces, et pourtant, c'est grave parce que des vies humaines pourraient périr dans ce genre d'événement. À ma connaissance, il n'y a pas eu (encore) de victime, mais la violence appelle la violence et le champ du possible peut s'élargir soudainement.
Refuser la règle du jeu démocratique est le germe d'une tentation autoritaire. La mauvaise foi se mêle à la rancœur mais aussi à la fantaisie. On voyait ainsi des insurgés jouer au toboggan dans l'enceinte du Parlement. Certains journalistes, de loin, y voyaient une "profanation" de lieux sacrés, ce qui est assez ridicule : il ne s'agit pas de lieux saints mais de locaux des institutions, et ceux-ci appartiennent au peuple. Certes, il faut les respecter comme il faut respecter la parole du peuple qui s'exprime au travers des élections, mais il faut aussi dédramatiser. J'ai déjà vu des enfants jouer dans l'hémicycle du Palais-Bourbon au cours d'une visite on ne peut plus ordinaire. Les insurgés de Bolsonaro n'ont même pas interrompu une séance puisque les parlementaires ne siégeaient pas (au contraire de la journée du 6 janvier 2021 à Washington où les parlementaires devaient justement officialiser l'élection de Joe Biden).

Cette insurrection fait suite à une vague de manifestations très dures de la part de l'extrême droite depuis l'élection de Lula, extrême droite qui a demandé (en vain) l'intervention de l'armée pour renverser le Président élu. Le gouvernement de Lula doit agir avec fermeté mais sans faire de victimes, ce qui est très difficile dans le cas de manifestants violents. Force doit être donnée et reconnue au candidat élu démocratiquement.
Au-delà du légalisme qui donne raison à Lula, ce pays qu'est le Brésil va être très difficile à gouverner car cet événement montre une fois encore (et on le savait lors de la campagne électorale) que le Brésil est très profondément divisé en deux camps totalement opposés. Il n'est pas sûr que Lula, maintenant un vieillard, issu de l'extrême gauche mais soutenu en 2022 jusque par des partis de centre droit, puisse être l'homme de la situation pour rétablir l'ordre mais aussi la concorde et la réconciliation au sein du peuple. Son malheur est sans doute qu'il n'a pas su trouver un héritier politique et qu'il a dû lui-même revenir au pouvoir.
Décidément, le Brésil suit le destin des États-Unis, avec Bolsonaro dans le rôle de Donald Trump, Lula dans celui de Joe Biden, le premier sera octogénaire comme le second avant la fin de son mandat, et les ultras de Bolsonaro aussi stupides que ceux de Trump, avec en plus la bêtise de le faire après avoir perdu le pouvoir (au contraire des trumpistes).
Aussi sur le blog.
Sylvain Rakotoarison (08 janvier 2023)
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Pour aller plus loin :
Brasilia : selon Lula, des vandales fascistes !
Luiz Inacio Lula da Silva.
Jair Bolsonaro.
Carlos Ghosn.

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