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Assomption de la Vierge Marie : mythe olympique ou mystère chrétien ?

Publié le 15 août 2008 par Walterman


   Le Seigneur Jésus a posé les fondations de son Royaume, mais la construction n'est pas terminée. Les frontières sont encore à élargir pour rassembler tous les hommes autant que possibble. C'est la mission de l'Église militante, l'Église de la terre, de construire le Royaume du Christ, d'inviter de plus en plus d'hommes à entrer dans son amitié, pour qu'ils le suivent et découvrent ainsi le sens de leur vie.
   Mais qu'arrivera-t-il à la fin de l'histoire ? Que deviendra l'Église quand le temps de la construction sera terminé ? La solennité de ce jour apporte une réponse à cette question. Les chrétiens ont toujours vu en la Vierge Marie une image de l'Église. Marie est celle qui a donné Jésus au monde au jour du premier Noël, celle qui a pris soin de lui durant les années de sa croissance, et celle qui l'a accompagné durant le temps de sa mission.
   L'Église, dont la Vierge Marie fait partie, a une relation similaire envers chaque chrétien, membre du corps du Christ. Continuellement elle donne Jésus au monde par ses multiples oeuvres de charité et d'apostolat, et, spécialement, en "mettant  au monde" des chrétiens par le baptême. Par son enseignement et par les six autres sacrements, l'Église prend soin de ses membres et les accompagne dans leur croissance et leur mission vers la maturité. Et ainsi, de même que Dieu a "assumé" la Vierge Marie au ciel, corps et âme, à la fin de sa mission à elle, Dieu élèvera-t-il l'Église tout entière à la communion parfaite avec lui-même au ciel à la fin de l'histoire.
   Ainsi l'Assomption de la Vierge Marie apparaît-elle comme une promesse pour nous. Tout chrétien qui marche sur la voie de l'humilité et de la fidélité à la volonté du Père peut espérer la suivre aussi dans la gloire et dans les joies de l'éternité.
   Il est important d'avoir devant les yeux cette vision d'ensemble. C'est une des raisons pour lesquelles l'Église célèbre l'Assomption de la Vierge Marie avec tant de solennité. L'Église veut fortifier la foi de ses enfants, pour qu'elle soit comme la foi de la Vierge Marie. Elle veut que nous nous souvenions que Dieu est tout-puissant, magnificent, et qu'il fait des merveilles dans, par et pour ceux qui se confient vraiment en lui, comme Marie l'a fait. Voici une anecdote qui illustre l'importance d'avoir présent à l'esprit cet horizon de notre foi.
   Deux hommes s'en allaient à la pêche. Le premier était un pêcheur expérimenté, l'autre non. Chaque fois que le pêcheur expérimenté prenait un gros poisson, il le mettait dans sa glacière, bien au frais. Chaque fois que le pêcheur débutant en attrapait un, il le rejetait dans la mer.
- Pourquoi rejettes-tu toujours les gros poissons que tu prends, demanda-t-il ?
   Et le pêcheur inexpérimenté répliquait :
- Parce que je n'ai qu'une petite poële à frire !
   Parfois, comme ce pêcheur débutant, nous rejetons les grands projets, les larges possibilités que le Seigneur nous présente, parce que notre foi est trop petite. Nous nous moquons de ce pêcheur inexpérimenté parce qu'il ne comprenait pas que ce qu'il aurait dû faire, c'est s'acheter une poële plus grande. Mais nous-mêmes, nous ne nous rendons pas compte que nous ne faisons rien pour augmenter la dimension de notre foi. Dieu nourrit des grandes espérances à notre égard : King size, comme le disent les anglophones, à la dimensions du Roi de l'Univers. En voyant comment les projets de Dieu se sont si merveilleusement réalisés pour la Vierge Marie, cela devrait nous aider à grandir dans notre foi, à augmenter la dimension de notre poële à frire. Comme le disait l'ange Gabriel à Marie, longtemps avant son Assomption,

"rien n'est impossible à Dieu" (Lc 1, 37).

   L'une des images préférées de l'Église pour les artistes de l'Antiquité chrétienne est un grand navire. L'Église est comme une version spirituelle de l'Arche de Noé. Ce monde de péché est sinistré par le péché, la tentation, la souffrance. Mais Dieu nous a envoyé un navire fiable pour nous permettre d'échapper aux flots destructeurs. Le navire lui-même est fait de matériaux normaux, terrestres : des êtres humains, avec leurs limites et leurs défauts. Mais il tient bon, protégé et guidé par une réalité invisible et indestructible : le Saint Esprit.
   Aussi longtemps que nous restons à bord de ce navire - dans l'Église - en communion avec le pape et les évêques qui sont en communion avec lui, nous sommes en sécurité, et nos vies porteront du fruit, auront du sens, ici, sur terre, et plus tard, au ciel, pour l'éternité. Soley ka chofé, van ka souflé, lapli ka tombé (créole pour : le soleil chauffe, la tempête souffle, la pluie tombe) ... Certains passagers et même des membres d'équipage, quitteront le navire, comme cela est arrivé tant de fois dans le passé. Ils construiront des radeaux pour essayer de rejoindre le port par leurs propres forces. Mais seule la barque de Pierre a la garantie divine de rejoindre le port du ciel en toute sécurité.
   C'est ce que Jésus promet au chapitre 16 de Saint Matthieu :

"Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église, et les puissances de l'enfer ne prévaudront pas contre elle."

   Comme nous l'avons entendu dans la
deuxième lecture, Dieu sauvera le Christ et son Église des griffes du dragon. C'est sa promesse, et sa garantie. Et pour que les difficultés et les souffrances de cette vie ne nous enfoncent pas dans le doute et le découragement, Jésus a ratifié cette garantie et prouvé sa fidélité en prenant sa Mère, la Mère de l'Église, la première des chrétiens, au ciel, corps et âme. Voilà ce que nous célébrons aujourd'hui, en cette sainte solennité de l'Assomption.
   Dans la préface de cette fête le célébrant dit :

"Aujourd'hui, la Vierge Marie, la Mère de Dieu, est élevée dans la gloire du ciel: parfaite image de l'Église à venir, aurore de l'Église triomphante, elle guide et soutient l'espérance de ton peuple encore en chemin."

   Nous sommes encore en chemin. Nous ne sommes pas encore au ciel. Nos vies sont une succession de doutes, difficultés, souffrances et douleurs. Dans nos efforts pour suivre le Christ nous rencontrons bien des obstacles. Nous ne comprenons pas pourquoi Dieu ne résout pas les problèmes. Nous sommes dans les ténèbres, comme des aveugles, et nous ne voyons pas comment nous allons nous en sortir. Nous vivons dans un monde de péché. Et notre foi ne dissipe pas les ténèbres, ne nous fait pas faire l'économie de la croix. La Vierge Marie elle-même n'a pas été épargnée. Les saints non plus. Mais notre foi nous montre que la première des chrétiens, la Mère de tous les chrétiens, a été enlevée au ciel à la fin de sa vie terrestre.
   C'est une certitude de foi, et non pas une simple coryance, et encore moins un mythe. Le mont Olympe (du grec ancien Ὄλυμπος / Olympos) est la plus haute montagne de Grèce, avec un sommet à 2917 mètres. L'Olympe est le domaine des dieux de la mythologie grecque. Puisque son sommet reste caché aux mortels par les nuages, l'Olympe est aussi un lieu de villégiature sur laquelle les dieux grecs avaient élu domicile pour passer leur temps à festoyer (leur boisson favorite est le célèbre nectar et ils consomment l'ambroisie qui les rend immortels) et à contempler le monde. Homère décrit ce lieu comme un endroit idéal et paisible, isolé des intempéries telles que la pluie, la neige ou le vent, où les dieux pouvaient vivre dans un parfait bonheur. Ceux-ci y avaient élu domicile après avoir évincé les Titans, Ophion et Typhon.
   Nous sommes loin du mystère qui émerveille les anges eux-mêmes ! Ceux qui voudraient réduire l'Assomption de la Vierge Marie à un mythe de ce genre ont raison de s'insurger. Une telle histoire pourrait bien exciter la fantaisie de tel romancier, ou l'imagination de tel peintre. Mais je pense qu'un croyant n'a aucune peine pour mesurer la distance qui sépare ces deux visions. Quand nous levons nos yeux vers la Vierge Marie, à la droite de son Fils, nous avons l'assurance que notre Dieu est fidèle. Si nous sommes fidèles envers lui, il sera fidèle envers nous. Ainsi, l'Assomption de la Vierge Marie nous réconforte et fortifie notre espérance quand nous trébuchons sur les chemins de cette vie. Cela nous permet de persévérer malgré tout au milieu des épreuves, comme elle, et de nous réjouir dans le Seigneur, alors même que le monde nous fait pleurer.
   Quand, tout à l'heure, nous communierons au Corps de son Fils, puissions-nous expérimenter ce réconfort et cette espérance. Puissions-nous être assurés que cette espérance n'est pas une illusion, un mythe, mais la vérité sans fin. Que nos frères séparés, chrétiens non catholiques, qui aiment sincèrement Jésus, mais ne font pas attention à sa Mère, et même ont peur de la regarder pour ne pas enlever quoi que ce soit au rôle du Christ, comprendre que l'Assomption est la preuve que ce n'est pas vrai. Le Christ lui-même a chosi, librement et à dessein, d'attribuer un rôle spécial à sa Mère. Il ne sera certainement pas fâché si nous reconnaissons ce rôle. Cela n'enlève rien au rôle du Christ, bien au contraire, si nous reconnaissons et apprécions les merveilles qu'il a faites pour sa Mère ! Nous le glorifions quand nous reconnaissons la puissance de sa grâce qui est à l'oeuvre en elle et par elle. C'est la raison pour laquelle elle-même a prophéitsé que toutes les générations la proclameront bienheureuse.
   Aujourd'hui, rendons grâce à Dieu pour les merveilles qu'il a accomplies en Marie. souvenons-nous qu'il veut en faire en nous et par nous aussi. Demandons au Christ de nous donner la sagesse et le courage de parler de sa Mère en vérité et avec confiance, pour que tous les hommes puissent le connaître en connaissant celle qui le connaît le mieux.

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