Depuis combien de temps j’attendais là, 10 min, 1h je sais plus. Je déteste attendre, normalement j’aurais déjà dû être rentrée tranquille chez moi. Être au chaud avec 1 bon chocolat dans la cuisine ou avec 1 paquet de bonbons dans ma chambre. Mais non au lieu de ça, j'étais en train de prendre racine sur ce banc froid, avec mon livre.
Tout ça à cause de ce qui s'était passé à la cantine, la poisse. Pour tuer le temps, j'observais la porte du bureau toujours fermée.
Quelle idée pourrit cette école privée ! Pire qu’une prison, un joli décor, des sourires et derrière la façade, les mêmes galères qu'a l'école publique du coin. Mais en plus chic. Avec de belles classes, le voyage de fin d'année , la crème de la crème des profs ....tu parles.
La seule fois où j’avais osé parler à la prof de français, des élèves qui se moquaient de mes cheveux , qui me disaient que je puais, que j'étais une grosse vache.
Elle avait pris un air grave, m'avait dit qu’elle allait leur parler, que je serai convoquée par la CPE pour en discuter. J'étais soulagée en rentrant, j’allais enfin être tranquille. Quelle conne!
Le lendemain, Lila et sa bande avaient été envoyés chez la CPE; l'aprèm j’avais suivi le même chemin. La CPE m avait expliqué qu’elle avait discuté avec les filles qu'elles allaient s’excuser et qu’elles avaient compris, mais que si jamais elles m’embêtaient à nouveau je devais lui dire. J’ai dit OK et je suis sortie.
En fin de journée , j'ai trouvé dans mon casier au foyer 1 mot poukave. Les autres de la classe ont pris le parti de Lila qui m’adressait des sourires hypocrites devant les profs. J'aurais mieux fait de serrer les dents. Au début de l'année, j’avais bien senti que le groupe de Lila était plus dans le délire faire chier les profs et s'amuser. Rapidement, en cours d’anglais; ça a été la vraie foire, le mardi soir. Au début, j’ai fait comme les autres et laissais les filles faire leur show. Mais au bout d'1 moment, j'étais un peu mal pour la prof, elle n’était pas méchante et j'aimais bien l'anglais.
C’est là qu'elles ont décidé que j’étais coincée , l'intello et que les merdes ont commencé. Les petites piques en intercours, à la récré, les sourires en coin dans la classe, les affaires qui disparaissent, la bousculade dans les vestiaires d'EPS. Ça commençait à devenir lourd. Mais je pensais que ça passerait, j'avais même ri à la dernière ânerie de Lila histoire d'être tranquille. Mais c'était mort, Lila m'avait choisi comme nouveau punching-ball devant ses copines et je prenais chère. Et le choix d'avoir parlé à la prof n'avait rien arrangé.
Quand la pression était trop forte au bahut, j'allais vite me planquer auprès de la dame du cdi, elle m’aimait bien, car je parlais pas fort, je dérangeais rien et que je suivais ses conseils Bd.
D'habitude j y allais direct après le repas pour éviter les boulets, mais aujourd'hui manque de chance j'avais pas été assez rapide. Lila était juste devant moi, la poisse pourvu qu’elle reste focalisée sur Lilian. Hier elle m’avait poussé en sortant des toilettes comme ça sans raison.
Ma main a tremblé et j’ai fait tomber mon verre qui a un fait 1 gros splach. Elle s'est retournée, elle m’a fusillé du regard comme un insecte qu'on écrase. Elle a dit bien fort: "regarde l'autre cassos elle sait même pas tenir 1 plateau."
Tout le monde a éclaté de rire , j'avais l'impression d'être dans un mauvais rêve, que tout le monde se foutait de ma gueule, j'avais chaud, je savais plus quoi faire.
Et d un coup s'est sorti sans que je le veuille: salope et je lui ai balancé mon plateau à la gueule avant de quitter le self en courant. Je suis pas allée bien loin , une surveillante m'a alpaguée et m' a emmené direct au bureau de la directrice.
Voilà pourquoi j’attendais comme une condamnée mes parents devant le bureau de la directrice. Comment ils allaient réagir en sachant que j’avais pété les plombs? Comment leur expliquer que je n’en pouvais plus ? Est-ce qu’ils auraient honte d’avoir 1 fille faible? Est-ce que j’allais être virée?