Un article de Henry Bonner
Le dégonflement de la bulle a raison des actions les plus en vogue. Tesla en fait partie. Son cours a chuté de 70 % cette année.
La faute ne repose pas sur l’entreprise en elle-même. Au contraire, le fabricant de voitures électriques surpasse les attentes. L’entreprise a fait grimper ses ventes de plus de 50 % sur un an. D’autre part, elle fait non plus des pertes mais, désormais, un bénéfice de plus de 20 % de ses ventes !
Vous verrez ci-dessous que le marché accorde beaucoup plus de valeur à Tesla, en proportion à ses bénéfices, qu’à quasiment tous les grands constructeurs d’automobile :
Un analyste sur Seeking Alpha plaide en faveur du titre :
“Au cours du dernier trimestre, l’entreprise a produit 366.000 véhicules, soit une hausse de 54 % sur un an.
Sa hausse de production a permis aux revenus de grimper de 56 % sur un an, pour atteindre 21,5 milliards $ sur le troisième trimestre de 2022.”
Cependant, le marché – auparavant convaincu par les voitures électriques et les paris sur la croissance – quitte le navire de l’action Tesla. Les malheurs de Tesla viennent non pas d’une déception sur les activités du groupe, mais d’un repli dans le marché qui touche en particulier les actions les plus prisées jusqu’à cette année.
En bref, les hausses de taux d’intérêts par les banque centrales font effet.
Le gouvernement français, qui pouvait emprunter sur 10 ans pour un taux négatif, rien qu’en décembre de l’année dernière, paie désormais 3 % pour ces mêmes emprunts. Il n’a pas payé les emprunts aussi cher depuis 2012 !
Le sort de l’action de Tesla annonce la couleur pour bon nombre d’entreprises à l’avenir, même quand elles battent les attentes de ventes et de bénéfices.
D’autres types d’actifs, en particulier l’immobilier, attendent sans doute leur tour. La plupart des investissements – immobilier, actions, ou obligations – ont tiré parti de la bulle des banques centrales depuis 10 ans. À présent, avec l’arrêt des robinets à liquidités, les actifs redonnent les gains.
Pertes dans les actifs, ralentissement dans l’industrie
La bulle dans les actifs – qui a atteint son pic en 2021 – n’a cependant rien fait pour la production de biens et services. L’argent a servi à la spéculation, pas à la création de plus d’offre de produits sur le marché. En même temps qu’un accroissement de la quantité d’argent, les économies ont en fait reculé dans leur accès à des ressources de base, en particulier les énergies.
Javier Blas, chez Bloomberg, prévoit un enlisement dans une pénurie de tout.
“Ce qu’il faut attendre en 2023 : l’économie mondiale aura toujours des difficultés à subvenir à ses besoins de matières primaires.
En dépit de hausses extraordinaires des prix cette année, l’industrie des matières premières ne se presse pas d’investir sur de nouvelles capacités de production permettant de créer plus de produits. Sans un essor de l’investissement, la seule manière par laquelle ramener le marché à l’équilibre est une baisse de la demande.”
Le plus gros des dégâts aura peut-être lieu dans l’énergie. Sur les trois dernières années, le monde accuse un déficit de 374 milliards de dollars d’investissements sur la production de pétrole et de gaz, par rapport au rythme de 2019. Ainsi, l’ardoise grimpe pour les dépenses sur la production de pétrole et de gaz.
De plus, les sociétés de production font face à des taxes supplémentaires sur les bénéfices, ainsi que des plafonnements de prix pour le gaz. Elles ont donc moins d’intérêt à remettre la machine en marche. Le tout va aggraver le manque d’investissements.
Désir de pénurie
Ce recul des niveaux de vie n’a pas lieu par accident : les dirigeants ont préparé le terrain pour les pénuries depuis des années.
Voici par exemple le directeur de la filiale d’architecture de la SNCF, en 2018, afin de vous illustrer l’idéologie des dirigeants :
“Il faut questionner nos besoins chaque fois que possible, faire sobre ou frugal, réduire les besoins à la source … On peut imaginer toute une gamme d’actions, plus ou moins compliquées ou longues à mettre en œuvre, plus ou moins acceptables socialement : bannir le jetable, les supports publicitaires, l’eau en bouteille ; revenir à des emballages consignés, composter les déchets même en ville dense ; réduire la quantité de viande, l’incroyable gâchis alimentaire (25 à 30 % en Europe) ; brider progressivement la puissance et la vitesse des véhicules, et les alléger, avant de passer au vélo ; adapter les températures dans les bâtiments et enfiler des pullovers (il est bien plus efficace, plus simple, plus rapide, d’isoler les corps) ; optimiser l’utilisation des bâtiments publics pour réduire le besoin en surfaces, revisiter l’aménagement du territoire pour inverser la tendance à l’hyper mobilité ; etc.”
Un certain nombre d’individus parmi les dirigeants veulent moins d’énergies, moins de biens et moins de services. En somme, ils souhaitent un appauvrissement des particuliers et un recul des niveaux de vie.
Jusqu’ici, les dirigeants ont créé l’illusion de la prospérité via l’injection d’argent. Les gouvernements ont creusé les déficits.
Les banques centrales ont créé des dollars, yens, et euros. Cependant, avec la fin des programmes de stimulus, la réalité revient dans les esprits. L’éclatement de la bulle dans les actions, et d’autres actifs financiers, n’a sans doute pas touché sa fin.
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