Mon Dieu, quelle claque ! Quelle plume ! Quel immense coup de cœur !
Derrière ce titre racoleur, qui pourrait être celui d’un article de journal à scandale, se cache une petite perle dont le style m’a séduit dès les premières lignes. Étalant toute la beauté et la puissance de la langue française, David Lelait-Helo aborde la thématique particulièrement difficile de la pédophilie au sein de l’Église, tout en livrant le chemin de croix d’une mère qui se voit non seulement condamnée à tourner le dos à une foi qu’elle pensait inébranlable, mais également à un amour maternel qui surpassait tout… tout, mais pas ça !
Le mère du bourreau dont il est question dans le titre se nomme Gabrielle de Miremont, une fervente catholique et figure emblématique du village, qui est outrée lorsque la presse locale s’attaque à son Église en y déterrant une vieille histoire de pédophilie, un prêtre ayant soi-disant abusé de petits garçons qui lui étaient confiés durant des années. Ayant consacré sa vie à Dieu, elle a nourri son fils de la parole divine jusqu’à ce qu’il devienne prêtre de la paroisse et sa plus grande fierté. Sauf que le bourreau dont il est question dans le titre, le loup ayant violé les brebis qu’on lui avait confiées, se nomme Pierre-Marie de Miremont, son propre fils !
Quelle idée lumineuse d’aborder cette monstruosité qu’est la pédophilie dans le milieu ecclésiastique à travers le regard aimant d’une mère qui, au crépuscule de sa vie, doit subitement tout remettre en question et ouvrir les yeux sur le côté obscur de cette Église qui avait éclairé son existence jusque-là. Usant d’une écriture à fleur de peau, David Lelait-Helo nous plonge dans les pensées de cette femme qui croyait avoir couvé un homme de Dieu, mais dont la foi chavire au fil des pages. Du déni de cette femme déterminée à servir Dieu jusqu’à son dernier souffle à la honte qui l’envahit au fil des abominations qu’elle découvre, le lecteur assite au déchirement de cette mère qui a toujours vécu dans la lumière de Dieu, prônant le pardon de tous les péchés… sauf que là, le pardon semble subitement impossible !
Un roman coup de cœur d’une puissance évocatrice rare et un auteur dont la Mamie Vovonne peut être fière car c’est un don du ciel d’être capable de saisir une telle horreur avec des phrases d’une beauté et d’une justesse si déconcertante !
Je ne sais pas si c’est mon intolérance à la lactose qui m’avait empêché de découvrir les romans de cet auteur dont le nom a forcément dû agir sur mon subconscient, mais je vais de ce pas ajouter « Poussière d’homme » et ses autres romans à ma PÀL.
Lisez également « Mon Père » de Grégoire Delacourt.
Je suis la maman du bourreau, David Lelait-Helo, Héloïse d’Ormesson, 201 p., 17,50€
Elles/ils en parlent également : Aude, Joëlle, Hedwige, Audrey, Christl, Domi, Audrey, Julien, Jean-Paul, Kitty, Julie
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