Le concept de Kaleidoscope est intéressant : chaque épisode peut être regardé dans n'importe quel ordre. Chaque téléspectateur peut donc laisser Netflix choisir l'ordre (ce que j'ai fais) ou bien choisir lui-même l'ordre dans lequel il veut voir les épisodes. C'est assez excitant sur le papier pour un résultat un peu moins palpitant. Eric Garcia (Repo Men, Les associés) nous plonge donc dans l'histoire d'un braquage avec plusieurs périodes avant, pendant et après. Je trouve intéressant l'idée d'avoir vu les conséquences du braquage six mois plus tard pour terminer sur le braquage en lui-même en guise de dernier épisode. Pour autant, le côté non linéaire de la série permet donc de se concentrer sur ce que l'on voit pour mieux comprendre les épisodes suivants. Si c'est ingénieux pour que l'on soit attentif, il y a tout de même des longueurs auxquelles Kaleidoscope a du mal à échapper. Surtout sur les épisodes se déroulant dans le passé. Il y a des facilités narratives qui viennent se mettre en travers du chemin de cette série en apparence plus palpitante qu'elle ne pourrait en avoir l'air.
S'étendant sur un quart de siècle, Jigsaw est centré sur le plus grand casse jamais tenté, 70 milliards de dollars d'obligations qui ont disparu dans le centre de Manhattan pendant l'ouragan Sandy. La série se compose de huit parties allant de 24 ans avant le hold-up à un an après.
Ce qui vient rattraper par moment les défauts d'écriture gros comme des maisons c'est l'efficacité. La série ne perd jamais vraiment de temps et va droit au but. Cela permet d'éviter trop de digression dans tous les sens (même s'il y en a). Chaque épisode a une identité visuelle propre au nom de l'épisode (qui s'avère être aussi une couleur). Les trouvailles esthétiques sont un peu tirées par les cheveux mais c'est sympathique là aussi malgré tout. Kaleidoscope a donc tout un tas de poncifs du film de braquage à nous servir sur un plateau mais le solide casting (Giancarlo Esposito et Paz Vega notamment) permet de parfois brouiller les pistes sur le côté prévisible de l'affaire. Kaleidoscope a surtout été vendue par son concept : celui de pouvoir regarder les épisodes d'une façon aléatoire. Mais est-ce vraiment révolutionnaire ? Non. Il n'y a rien dans la façon dont est conduit le récit qui donne l'impression que l'ordre importe. C'est même très anecdotique (même si regarder les épisodes de 25 ans dans le passé pourraient être intéressants en guise de fin).
Kaleidoscope se veut profonde mais ne l'est jamais vraiment. La série brasse et rebrasse tout ce que l'on connaît du film de braquage sans lui apporte quelconque originalité. C'est dans son rythme d'épisode qu'elle parvient à donner envie aux téléspectateurs de se laisser porter. Dans le genre, je dois avouer que j'ai déjà vu beaucoup mieux ailleurs. Le délire marketing de regarder les épisodes dans le désordre n'est qu'un délire en soi. C'est dommage car cela aurait pu être une vraie astuce narrative mais il n'en est rien. En somme, Kaleidoscope donne l'impression de voir un film de deux heures qui aurait été étiré un peu plus qu'à l'accoutumée en l'agrémentant de scènes faussement importantes sur les personnages. Le manque d'inspiration de Kaleidoscope se fait cependant rapidement ressentir et les personnages, assez creux et mal écrits, n'arrivent jamais à vraiment marquer l'esprit. Le casting est bon, il est investi dans le récit mais c'est bien uniquement grâce à eux que cela vaut le coup d'oeil.
Note : 5/10. En bref, un concept qui n'est finalement que du marketing tentant de cacher la forme et le fond assez passable de Kaleidoscope. Reste le casting, investi, qui permet parfois d'oublier certaines longueurs ou facilités pas franchement palpitantes.
Disponible sur Netflix