Ce recueil est né d’une rencontre improbable, si n'était l’attention portée par la traductrice à la poésie en train de se faire dans le pays qu’elle a dû quitter il y a plusieurs années. Pour garder ce lien avec ce pays qu’elle a déjà évoqué dans ses propres poèmes, savait-elle qu’un jour cette rencontre-là serait possible ? Elle a éprouvé le besoin de raconter comment cela s’est passé et il faut en lire le récit dans son texte qui suit la belle préface de Philippe Tancelin.
Je n’ai pas encore nommé les deux poètes concernés : Mohamad Askari Saj et, sa traductrice, Emma Peiambari. Certes ce n’est pas un dialogue mais on ne peut pas lire ces poèmes sans penser à ces chemins qui se croisent en fuyant la solitude.
La solitude ici est un pays, où les oiseaux ne peuvent pas voler sans que le ciel soit « immédiatement » décroché « vers la terre ». Et plus on avance dans ce pays, plus la menace grandit, jusqu’à ce qu’un chasseur, chantant les chants des oiseaux, finisse par « tirer sur ces chants », et n’en récolter qu’une plus grande solitude.
Ces poèmes sont en effet marqués par la mort, « une chanson / que tu caches dans ta poitrine », par une géographie — arbres, forêt, rivière, désert, montagne, mer — qui dit l’absence d'une pierre détachée et qui est terrain de guerres, et par les oiseaux, et les cages. Et n’est-ce pas pour devenir oiseaux que certains « sautent / du haut d’un pont / ou du bord d’une grue / ou du toit d’un gratte-ciel » et, ce faisant, « sont montés à la hauteur de leur solitude ».