Magazine Humeur

Les Impatients ont 30 ans

Publié le 03 janvier 2023 par Raymondviger
Depuis 30 ans, les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale peuvent mettre un peu de baume sur leurs maux grâce aux Impatients. C'est par le biais d'activités artistiques que cet organisme à but non lucratif tente d'aider ces personnes, en leur offrant un espace de création libre et sans jugement.

Fondé en 1992 par Lorraine Palardy, Les Impatients continuent de prendre de l'expansion et de multiplier les projets. Ils ont notamment exposé dans de nombreux endroits tels que le Musée des Beaux-Arts de Québec ainsi que la galerie 1700 La Poste. Leur exposition Change le monde, une œuvre à la fois! en est d'ailleurs à sa 11e édition.

Avant de créer Les Impatients, Mme Palardy était elle-même propriétaire de sa propre galerie d'art depuis 15 ans. C'est alors qu'elle faisait une exposition avec des patients de l'institut de santé mentale Louis H. Lafontaine qu'elle a vu l'importance de l'art pour ces patients. Deux ans plus tard, elle vendait sa galerie pour se consacrer aux Impatients à temps plein. Il y a huit ans, son fils Frédéric Palardy a pris la relève.

Même si elle n'est plus à la barre de l'organisme, Mme Palardy est toujours présente, à sa façon. " C'est encore le cœur et l'âme des Impatients ", déclare son fils sans hésitation. Elle continue de se présenter au bureau environ deux fois par semaine. " Je suis impliquée de cœur, mais pas d'action! ", ajoute Mme Palardy.

Pour elle, Les Impatients n'ont jamais été un véritable travail. " Ça faisait partie de ma vie et je l'ai un peu imposé aux enfants quand ils étaient jeunes. Ça faisait partie des activités... forcées même! Je les trainais avec moi. Et je pense que l'intérêt est resté. Même mes autres enfants sont au courant des activités des Impatients ", explique la fondatrice en riant.

Malgré ce lien de longue date, Frédéric Palardy n'avait pas prévu prendre la tête de l'organisme. Cet ancien avocat a pris cette décision après avoir perdu son emploi comme chef de bureau de l'ancien PDG de Rona, Robert Dutton. Ce dernier était un ami de la famille et siégeait au conseil d'administration des Impatients. " Il m'a dit : Pourquoi ne prends-tu pas la relève des Impatients? Au début, c'était non. Puis, j'ai réfléchi un peu. J'avais déjà des objectifs en tête pour les Impatients donc je me suis dit pourquoi pas? ", raconte M. Palardy.

Un soulagement pour sa mère qui se souvient que le conseil d'administration avait beaucoup d'inquiétudes concernant sa succession. " J'étais inquiète aussi parce que je me disais c'est compliqué les Impatients. Ça prend quelqu'un qui est amateur d'art et qui a un sens de la gestion, mais qui possède aussi une empathie et un coeur gros comme la Terre ", explique-t-elle.

De nouveaux objectifs

Avec l'arrivée d'un nouveau directeur, de nouvelles façons de faire ont aussi été instaurées. La principale tâche de Frédéric Palardy à ses débuts a été au niveau financier. " Moi j'arrivais du secteur privé, avec de gros moyens, et ici on était serrés. On l'a été très longtemps. Il fallait régler ça si on voulait croître ", se souvient-il. Même si Les Impatients ne roulent toujours pas sur l'or, leurs finances ne constituent plus de problème majeur, estime M. Palardy.

Depuis huit ans, le directeur poursuit toujours le même plan de match, celui de faire grossir l'organisme. " On a actuellement 22 sites. On en veut beaucoup plus. On a commencé en diversifiant la clientèle et ça nous a aidé à grandir. " Auparavant, seuls les cas les plus lourds pouvaient participer aux ateliers. Un peu avant la pandémie, l'offre s'est étendue à des cas moins graves.

" Les 20 premières années, on avait une clientèle qui avait été en institution longtemps. Ça a beaucoup teinté le ton des ateliers et celui de la collection ", raconte la fondatrice. Il s'agit d'une collection de près 15 000 œuvres créées en atelier, dont plusieurs ont été exposées par des institutions muséales, comme le Musée de la Civilisation de Québec ainsi que le Centre des Sciences de Montréal.

Un nouveau souffle

Ouvrir la porte à des cas moins lourds était une très bonne idée, selon Mme Palardy. " Ça a vraiment donné un autre élan aux Impatients. À mon avis, c'était essentiel parce que la maladie mentale ne touche pas juste les gens en institutions. "

Au départ, c'est de voir que les personnes institutionnalisées n'avaient aucune activité artistique qui l'avait motivée à créer Les Impatients. " La philosophie de l'époque mettait en valeur le travail. Ils avaient oublié que l'art aussi était valorisant. On a eu à se battre beaucoup pour donner une valeur à nos activités. Ça été notre combat des premiers temps ", raconte la fondatrice.

Frédéric Palardy croit aussi que la pandémie a favorisé ce respect de l'art. " Il n'y a plus personne qui doute que l'art et la création peuvent améliorer la santé mentale. Et la santé mentale, ça englobe aussi des dépressions, de l'angoisse, de l'anxiété, alors qu'avant on ne parlait pas de ces aspects. "

Maintenant que l'art a retrouvé ses lettres de noblesse, Les Impatients peuvent se concentrer sur leur expansion et leur offre de services. Leur prochain objectif est d'aller dans les institutions militaires. " On va où on a besoin de nous ", explique M. Palardy.

Créer sans être jugé

Ce que Les Impatients offrent à leur clientèle, c'est d'abord un espace libre, un endroit sécuritaire où la création est au centre. " Safe space c'est vraiment la bonne expression. Parce que c'est un lieu où tu fais ce que tu veux, sans jugement ", note Lorraine Palardy.

C'est aussi un cadre où il n'y a pas de plan de soins et pas de durée fixe dans le temps. " Quand ils viennent ici, ils ne sont pas ici pour juste trois semaines pour qu'après on donne la place à un autre pour en avoir un de plus dans nos registres ", ajoute la fondatrice.

Cet aspect est d'ailleurs l'une des fiertés de Frédéric Palardy : " Je n'ai jamais fait la recherche, mais je suis convaincu qu'on est presqu'uniques au monde. Un endroit où tu rentres sans avoir de durée pré-établie, gratuitement. Tu reviens semaine après semaine, sans avoir besoin d'objectif. " Les animateurs ne sont pas là pour veiller au progrès des participants, mais bien pour les aider et les guider dans leur processus créatif.

Ils ne sont pas non plus là pour enseigner. " Le but n'est pas d'apprendre. Parce que dans la plupart des autres ateliers, il y a comme une notion de compétences et d'habiletés, tandis qu'ici, il n'y a que l'aspect créatif qui compte ", explique Mme Palardy.

Frédéric Palardy tient aussi à souligner le travail des animateurs, sans qui Les Impatients ne seraient pas où ils sont aujourd'hui. " Le plus important, c'est qu'ils aiment les gens ", dit-il. " L'empathie commence dans le bonjour. Tu peux avoir des gens compétents, qui vont avoir une connaissance extraordinaire, mais qui malheureusement n'ont aucune empathie. C'est une recette à la fois simple et compliquée ", conclut Mme Palardy.

Pour participer aux ateliers donnés par Les Impatients, il faut être référé par un professionnel de la santé. Si vous ou quelqu'un de votre entourage avez des problèmes de santé mentale et souhaitez participer à un atelier de création artistique, parlez des Impatients à vos professionnels de la santé. Pour plus d'informations sur les différents événements des Impatients, visitez http://www.impatients.ca/

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Raymondviger 8679 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte