Je l'ai largement consommé, le fais toujours, l'ai étudié, en fût diplômé, y ai travaillé, fût récompensé, en suis sorti, mais le cinéma ne sortira jamais de moi.
Après multiples années de deuils de toute sorte, laissez-moi vous parler de deuil comique.
1947. L'auteur Evelyn Waugh visite les studios californiens de Metro-Goldwyn-Meyer. Ceux-ci lui offre un salaire dans les 6 chiffres afin d'acheter les droits de Brideshead Revisited, même si absolument personne du studio n'avait lu son livre. Quand Waugh demande le contrôle et le dernier mot sur le produit fini, le studio lui refuse et le projet tombe à l'eau. Toutefois durant son séjour à L.A. il devient fasciné par l'obsession des États-Uniens par rapport à la mort et reste impressionné par l'industrie des salons funéraires. Inspiré d'un article qui parlera d'un cimetière précis et de son coloré fondateur, il écrit le livre The Loved One, publié dès l'année suivante.
En 1964, Tony Richardson, réalisateur anglais, vient de remporter 4 Oscars, ceux du meilleur film, de la meilleure réalisation, du meilleur scénario adapté et de la meilleure musique originale composée pour un film avec Tom Jones. Il a pas mal carte blanche pour son film suivant, qui sera une comédie où il fait appel à plusieurs de ses amis comédiens (il en est à son 11ème film). Robert Morse, Jonathan Winters, Anjanette Comer, Paul Williams, Rod Steiger et des participations de John Gielgud, Robert Morley, Roddy McDowall, James Coburn, Milton Berne, Dana Andrews, Tab Hunter et Liberace animeront cette satire noire. Des acteurs connus comme Alan Napier ou Jamie Farr font aussi des caméos.
Cette comédie noire, promue comme étant un film composé de matériel pouvant choquer pas mal tout le monde, est par moment irrévérencieuse, parfois même grotesque. Milton Berne, Liberace, Steiger peuvent faire éclater de rire dans votre divan. Morse perds parfois son accent britannique mais le noir et blanc choisi par Richardson et habilement filmé par Haskell Wexler (qui co-produit aussi tellement il aime ce qu'il tourne) est un choix tout à fait aussi judicieux qu'esthétiquement intéressant. On parle quand même de la mort et ceux qui viennent de vivre un reél deuil douloureux pourraient s'en trouver ou bien davantage blessé, ou au mieux consolé par certains moments hallucinés.
Il faut se replacer dans le contexte social de 1965, et non, peu offensera tant que ça, en 2023. Mais 58 ans plus tard, on peut encore se demander si on n'y revient pas à cette époque. Principalement aux États-Unis et leurs étrange rétrogrades décisions de cour suprême autour de l'avortement.
Non seulement j'ai aimé, je veux voir et revoir.
Comme on refréquenterait un ami.
Tony Richardson avait été à l'école avec Ruppert Murdoch, Margaret Thatcher et Lindsay Anderson, était le père des actrices Natasha (1963-2009), et Joely, filles qu'il a eu de l'actrice Vanessa Redgrave avec laquelle il était marié de 1962 à 1967.