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In Memoriam Marcel Pacaut

Publié le 15 août 2008 par Posuto

par RV

Flo Py, dans ce billet, a soulevé un problème qui intéresse les petits scarabées dans mon genre. Je suis pas assez rapide pour choper le trucmuche dans la main de Yoda, mais je peux essayer de raisonner en termes historiques.

A la fac de Lyon 2, mon directeur de Maîtrise s’appelait Marcel Pacaut. Il est mort il y a quelques années, à plus de 80 ans. Je ne dirais pas que c’était mon maître, parce qu’il faut pour ça présenter un héritage, et là, j’ai que dalle à montrer. Mais je l’aimais bien. Il était atypique, un humour ravageur, très expressif, et éminemment cultivé. De lui, je retiens surtout une sorte de maxime, que je cite de mémoire : “La seule leçon que l’on peut tirer de l’Histoire c’est que lorsque l’Eglise se mêle de politique, elle devient intolérante”. Cette phrase prend encore plus de poids quand on sait que M. Pacaut était très croyant !

J’en reviens à ma maîtrise : j’avais besoin d’un sujet light, qui nécessiterait peu de travail d’archives. Un, parce que ça m’a toujours gavé de bosser aux archives, j’y suis comme un lion en cage au bout d’une chanson des Beatles (temps canonique destiné à mesurer la longueur acceptable d’un lavage de dents chez les enfants Posuto). Et deux, parce que je passais le CAPES en même temps, et que ce dernier était le sésame vers une vie autonome financièrement, donc ma priorité..!

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Or donc, je me vis proposer par le Sieur Pacaut un travail de recherche sur la vision du Moyen Age développée par une revue de vulgarisation historique célèbre. Pour ce faire, j’épluchai les numéros de ce magazine parus entre 1945 et 1990, année de mon mémoire.

Quelle ne fut pas ma surprise (prononcez cette phrase avec l’accent de Christine Albanel, vous verrez c’est tordant !!) lorsque je constatai qu’après quelques années d’articles plutôt anodins, la revue se mit à inviter massivement des auteurs d’extrême-droite, compromis jusqu’aux oreilles dans la collaboration intellectuelle avec Vichy, et qui recyclaient leur fond de commerce anti-juif, anti-ONU, anti-athées, anti-métèques, anti-communistes à n’importe quel prétexte : un article sur Charlemagne, sur Jeanne d’Arc, sur les Templiers, la bouffe au Moyen Âge, que sais-je encore.

C’est alors que je pris conscience, finalement donc aussi grâce à Marcel Pacaut, d’une deuxième leçon de l’Histoire : les idées politiques ne meurent jamais. elles se recyclent, elles changent d’odeur ou de forme, voire carrément d’apparence, mais elles restent.

La pensée pétainiste n’est pas morte. Elle sort à nouveau d’un sommeil contrarié, comme elle le fit dans les années 50 dans les pages de ce magazine précédemment évoqué. Et, visiblement, elle se double d’un bel “atavisme géographique“, si j’ose dire…

RV


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