Prédire l'avenir, c'est énoncer ce qui va advenir de manière souvent dogmatique, absolue et définitive. Prévoir l'avenir, c'est d'avoir une vision plausible de ce qui va advenir en s'appuyant sur des modèles statistiques révisables. Dans les deux cas, rien n'est moins sûr que le passé qui n'a plus rien à démontrer puisqu'il est... passé ! Alors, à chaque début d'année, après la bûche de Noël et avant la galette des rois, beaucoup tentent d'écrire l'avenir de l'année qui vient.
Des experts et des analystes de tous bords s'accordent à promettre une " annus horribilis " pour 2023 avec une croissance mondiale faible, une inflation persistante, une crise sociale languissante, un péril climatique, des pénuries énergétiques, des tensions géopolitiques... Et peut-être un retour du covid et ses dégâts collatéraux à cause de l'inconstance chinoise ! L'année 2023 cumule de multiples facteurs d'instabilité...
En réalité, il faut savoir lire entre les lignes pour ne pas sombrer, pour rendre possible l'avenir sans être dans l'autoréalisation nourrie par des prédictions catastrophistes et des prévisions contestables. Hélas, notre consommation du présent en flux tendu sur les chaînes d'information continue et les réseaux sociaux raccourcit l'avenir et renforce le sentiment que nous vivons dans une " permacrise ", un mot-valise pervers laissant sous-entendre qu'il faut subir les crises comme une routine, comme une affection chronique. Or, croire en cette permanence brime l'imagination, la création, l'innovation, la volonté de changement. L'avenir ne tombe pas du ciel, il naît du chaos.