Thématique qui me tient particulièrement à cœur, le bien-être financier fait enfin quelques progrès. Certes, beaucoup trop de personnes dans le milieu en sont encore à me demander de quoi il retourne quand je l'évoque, mais les mécanismes sous-jacents entrent malgré tout dans les esprits. La prise de conscience des limitations de la gestion de finances personnelles de première génération, trop passive pour véritablement séduire et aider les clients à mieux piloter leur budget, incite à franchir une autre étape.
Des composantes éducatives, parfois mises en scène de manière ludique afin d'encourager l'engagement des utilisateurs dans la durée, commencent ainsi à prendre place dans les applications bancaires. Progressivement, elles sont associées à des outils pratiques, destinés à accompagner les changements de comportement sur des aspects spécifiques, notamment en relation avec les inquiétudes du moment sur le pouvoir d'achat. Leur périmètre devrait s'étendre en 2023 et couvrir de plus en plus de besoins.
En deuxième position, les enjeux environnementaux se trouvent probablement aujourd'hui dans une période charnière pour l'industrie. En effet, jusqu'à présent, la communication sans fond ni convictions profondes, voire le « greenwashing » pur et simple, ont largement dominé les débats. Malheureusement pour les charlatans, les consommateurs, stimulés par de vrais spécialistes, ne se laissent plus aussi facilement berner, surtout quand eux-mêmes subissent des contraintes dans leur quotidien.
La bonne nouvelle est qu'une partie des efforts nécessaires, qui, dans le secteur financier, relèvent de la modération énergétique, sont parfaitement alignés avec les exigences de maîtrise des coûts. Pour le reste, les politiques d'investissement vont se voir fortement influencer par des réglementations émergentes, qu'elles affectent directement les gestionnaires de fonds ou qu'elles concernent les entreprises intégrées dans les portefeuilles. Loin d'être idéale, l'approche a, à tout le moins, le mérite de l'efficacité.
Dernière opportunité à mentionner (encore une fois sans prétendre à l'exhaustivité), le concept de services enfouis (ou invisibles, ou, en anglais, « embedded finance ») avance sensiblement dans les stratégies, même s'il est plus souvent pris à revers qu'embrassé en tant que tel. Car l'idée de déléguer la relation avec le client à un tiers en fournissant à ce dernier des fonctions prêtes à l'emploi ne passe toujours pas bien dans la plupart des établissements. Mais elle suscite des réactions qui la valident.
Je veux bien sûr parler de l'immense vague « beyond banking », à travers laquelle les acteurs de la banque (ou de l'assurance) veulent s'emparer des parcours de bout en bout, dans le commerce électronique, l'acquisition immobilière, l'achat automobile, les services à la personne…, et, de la sorte, riposter aux entreprises de ces domaines, comme aux géants technologiques (entre autres avec leurs velléités de « super app »), qui, de leur côté, souhaitent absorber les composantes financières qui complètent leurs offres.
Naturellement, relever ces trois grands défis, qui font tous partie d'un recentrage impératif sur les attentes des clients, requiert une vision et des ambitions à leur mesure, assorties d'importants moyens. Bien que toutes les autres conditions soient maintenant réunies pour leur succès, l'anticipation d'une conjoncture difficile dans les mois à venir risque de faire hésiter et retarder, voire écarter, les chantiers correspondants. Les institutions qui ne reculeront pas auront alors la faculté de prendre un avantage considérable.
Excellente année 2023 à tous !