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La Sérénade, opéra-comique en un acte d’après la pièce homonyme de Jean-François Regnard datée de 1694, fut créée salle Feydeau de l’Opéra-Comique d’alors, le 2 avril 1818, sur un livret de Sophie Gay qui sera la mère de la femme de lettres Delphine de Girardin. Il passe pour avoir été composé par Sophie Gail et Manuel García, par ailleurs père des cantatrices Maria Malibran et Pauline Viardot. Du moins les journaux de l’époque l’indiquent-ils. Sa résurrection est une coproduction d’Angers-Nantes Opéra, Opéra de Rennes, Opéra de Toulon Provence Méditerranée et Palazzetto Bru Zane pour ce qui est de l’édition.
Le Palazzetto est un centre de musique romantique française qui a pour vocation de redécouvrir et faire rayonner partout le patrimoine musical français de 1780 à 1920, musique de chambre, répertoire symphonique, sacré et lyrique, sans oublier les genres légers de "l’esprit français" comme chanson, opéra-comique, opérette. Installé à Venise dans un palais de 1695, la famille Zane était l’une des plus importantes familles de Venise, il fut restauré spécialement pour abriter la fondation du docteur Nicole Bru en 2005 et a été inauguré le 3 octobre 2009. Nicole Bru qui en est la présidente est passionnée de musique, cette héritière des laboratoires Upsa y consacre sa fortune avec pour devise "Etre présent là où il est nécessaire de soutenir l’excellence, les projets précurseurs et ambitieux au service de belles causes".
Sophie Gail était née Garre le 28 août 1775 à Paris d'un père chirurgien du roi et d'une mère aristocrate qui avait reçu, d’après son mari "une instruction au-dessus de son sexe". Comme les jeunes filles de sa catégorie sociale Sophie étudie la musique, piano et chant. A 14 ans, elle compose et publie des romances, ses premières œuvres. En 1794, elle se marie avec l’helléniste Jean-Baptiste Gail, de 20 ans son aîné dont elle a un fils, Jean-François Gail qui sera lui aussi helléniste.
Elle divorce très vite et mène une vie libre, elle aura trois autres fils, de pères différents. Elle gagne sa vie comme pianiste et cantatrice, publie des romances, compose des airs pour le théâtre, en France, à Londres, à Vienne, en Allemagne et en Espagne. Elle décide alors de reprendre sa formation auprès de musiciens célèbres de l’époque. Son opéra-comique "Les Deux Jaloux" connaît un grand succès en 1813 et restera au répertoire jusqu'en 1839, avec plus de trois cents représentations. Après quelques échecs, elle renoue avec le succès lors de la création à l'Opéra-Comique, le 2 avril 1818, de "La Sérénade". Elle travaillait à de nouvelles compositions lorsqu’elle meurt d'une maladie pulmonaire le 24 juillet 1819, à quarante-trois ans. Le musicologue Adrien de La Fage la définissait encore en 1847 comme "la seule compositrice qui ait obtenu au théâtre un véritable succès".
Le 6 juin 2019, Debora Waldman dirigeait à Besançon la Symphonie "Grande Guerre" de Charlotte Sohy, une autre grande compositrice tombée dans l’oubli, quand la musicologue Florence Launay spécialiste des compositrices vint lui présenter la partition de "La Sérénade". Debora Waldman qui sera à la tête de l’Orchestre national Avignon-Provence, se rappelle “J'ai accepté de la lire, se pour voir les qualités de l’œuvre (et pas parce qu’elle est l’œuvre d’une femme)…... Je l’ai déchiffrée, j’en ai constaté tout l’intérêt".
En fin d’année, on programme toujours des oeuvres divertissantes et on peut supposer que "La Sérénade" qui a pour intrigue un barbon berné qui croyait épouser une jeunesse, de plus aimée de son fils, saura réjouir les spectateurs d’Avignon. D’autant plus que la musique en est enjouée et qu’alternent parties chantées et parlées ponctuées d'intermèdes chorégraphiques.
Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur Dernier week-end des vacances. C’est la rentrée et nous nous l’affrontons tous en traînant nos galoches, ne sachant pas trop de quoi elle sera faite. Il y a un an, nous avions encore l’espoir que les problèmes et autres difficultés liés au Covid-19...