Décédé le 26 décembre à Paris, le chanteur et guitariste a débuté la musique très jeune à 18 ans. Il laisse un héritage discographique d’une dizaine d’albums.
Tete Dalle Penda Jeannot a tout juste 18 ans lorsqu’il se lance dans la musique en créant le groupe « Les News stars de Bonadibong » avec Cyrille Kouoh. Dans son entourage, ce n’est pas vraiment une surprise. Le jeune Jeannot grandit dans un cadre familial où la musique est très présente. Sa maman fait du chant choral et papa joue des instruments de musique.
Dans son voisinage également, les affinités musicales sont nombreuses. Puisqu’il va nouer une solide amitié avec son aîné Emile Kangue à l’époque des années 70 un membre influent du célèbre groupe de Makossa « Les Black style ». Sans oublier sa collaboration quelques années plus tard avec un autre membre influent des «Black style » en la personne de Toto Guillaume qui a contribué au succès de certaines chansons de Penda Dalle à travers son talent d’arrangeur.On retrouve notamment la touche de Toto Guillaume dans l’album « Tchaku Mbele » édité en 1986.
« Makossa»
Même son entrée dans la marine en 1976 ne réussit pas à le départir de sa passion pour la musique. Il y passe 4 ans et intègre l’orchestre de la garde républicaine. Une autre occasion de formation puisque Penda Dalle va saisir cette occasion pour apprendre à jouer de nouveaux instruments de musique, indique Makossa Originel, une plateforme web dédiée à la promotion de ce rythme. Si le public connaît particulièrement sa casquette de chanteur, Penda Dalle était aussi selon ses pairs, un excellent guitariste. Un bon auto-compositeur également. Il fait ses premiers pas avec « Les News stars de Bonadibong » et a aussi été à l’école des cabarets. A La Musette chez Emile Kangue où il intègre un orchestre fondé par ce dernier après son dépardut des « Black styles ».
Penda Dalle se révèle au public avec la chanson «Bonadibong», composée avec Cyrille Kuoh et « Les News stars de Bonadibong ». La chanson est une véritable ode à ce quartier de la commune de Douala 1er et village du chanteur qui y a vu le jour en 1958. Si pour certains mélomanes, «Bonadibong» est son plus grand succès, Penda Dalle était un artiste très prolifique avec de nombreux tubes : « Nyonga Mulema », « Essok’.a su », « L’espoir de ma vie » (l’un de ses rares titres en français).
Lorsqu’on observe sa discographie, on constate qu’il a sorti des chansons avec une fréquence d’un ou deux ans d’écart pendant période phare. Entre 1979 et 1986, il édite plusieurs 45 tours avec un an d’écart à chaque sortie. De 1996 à 2001, Penda Dalle commet un album tous les deux ans.
Un véritable passionné. Il a marqué son entourage autant par sa musique que son humilité. Pour ses confrères, le coup est dur. Surtout que sa mort survient deux semaines seulement après la disparition de deux autres mastodontes du makossa en occurrence Ekambi Brillant, décédé le 12 décembre et Djene Djento, le 15 décembre.
Le chanteur Prince Eyango qui a bien côtoyé ces aînés ne cache pas sa tristesse. Ce sera difficile quoique pas impossible d’organiser des obsèques dignes à chacune de ces étoiles.« Nous les artistes, traversons une période très difficile. La perte de notre aîné Ekambi Brillant était déjà assez dure pour nous, mais le départ brusque de Djene Djento et Penda Dalle vient ajouter une peine assez lourde dans nos cœurs. La gestion des obsèques de ces trois icônes sera très compliquée pour nous. Beaucoup de tristesse. J’ai eu une relation et une histoire particulière avec chacun des défunts mais parlant de Penda Dalle puisqu’il s’agit de lui, j’ai été son guitariste dans les années 80.Pendant plus de 3 ans , je l’ai accompagné dans des concerts, ce qui nous a beaucoup rapproché. , c’était quelqu’un de très aimable et très humble. Il a fait beaucoup de tubes et c’était aussi un bon guitariste et bon compositeur et c’est ce que nous avions en commun. Donc son départ ne me laisse pas indifférent du tout. Que son âme repose en paix ».
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Pour la jeune génération aussi, la pilule est dure à avaler. La slameuse Lydol nourrit un grand regret. «Le plus difficile c’est de se rendre compte que c’est au moment de leur décès qu’on se rappelle d’eux et qu’on se dit qu’on aurait pu faire beaucoup de choses avec eux ». Bien qu ‘évoluant dans le slam et la variété urbaine, son enfance a été bercée par la musique de Penda Dalle. « Le titre Bonadibong était l’un de mes préférés mon père avait l’habitude d’écouter Sona Ndolo ces chansons d’une façon où d’une autre, ont nourri l’amour que j’ai pour le Makossa et sûrement influencé la musique qui est la mienne aujourd’hui », dit-elle.
Pour Janea, la disparition de Penda Dalle et ceux qui l’ont précdé interpellent la jeune génération qui doit assurer la relève pour éviter la mort du rythme makossa. « On dit dans mon village à Bonapriso : « Kwan nde et yaï pena » . Ça veut dire que l’ancien est la mère du nouveau. Ces anciens ont inspiré ma plume. Aujourd’hui le makossa est confronté aux mutations de la musique et c’est à nous qu’il revient la lourde tâche d’assurer la transition », souligne le chanteur.
Du côté des fans, la disparition de Penda Dalle a laissé plus d’un abasourdi. Grand admirateur de cet artiste, le blogueur Tchakounte Kemayou a un grand regret : celui de ne jamais avoir vu sa star en concert. «Penda Dalle est l’un des chanteurs de Makossa que j’ai beaucoup écouté dans les années d’enfance, 1980-1990. Malheureusement, c’est également l’un des artistes Camerounais que je n’ai jamais vu prester en direct. La raison est toute simple : il faisait de moins en moins de spectacles populaires entre les années 2000-2010. Du moins, je n’en avais jamais entendu parler pendant cette période, sauf dans le cadre de ses sorties d’album », regrette le blogueur. La musique de Penda Dalle a procuré beaucoup de bonheur à Tchakounte Kemayou. Il aime bien partager ces anecdotes. « L’un de ses titres à succès « Na maala » extrait de l’album « Tchaku Mbélé », m’a beaucoup marqué. Comme je m’appelle Tchakounte, mes amis et camarades d’enfance aimaient bien me taquiner en m’appelant « Tchaku Mbélé ». C’est devenu une habitude. Aujourd’hui, des proches m’appellent encore ainsi. Penda Dalle était un pur talent», dit le blogueur nostalgique
Lire aussiÉglise : Un pasteur bastonné par les anciens d’Église à BertouaDiscographie de Penda Dalle
2021-Come back, Makossa old school avec Emile Kangue
2011- Sona Ndolo
2001-Best of Nostalgie
2000-L’espoir de ma vie
1998-Essok’ a su
1996- The Best of Makossa
1989- Alea Mba
1988- Nyonga Mulema
1986- Na Bélé na wodi
1985-Langwea Te Mba
1984-Na Mala
1984- Tchaku Mbele
1981-Yadi
1980-Se To Mba/Ne nde muna musango
1979-Bonadibong av3c Cyrille Kouoh et les News stars de Bonadibong