tenir : la religion Dieu, l'institution

Publié le 15 août 2008 par Jjplm5

   Est-il possible de confiner la religion dans "son" espace propre? La religion ne déborde-t-elle pas toujours? Plutôt pour le pire que pour le meilleur? La religion prêcherait l'amour - ou l'Amour. Elle le prêcherait, mais serait-elle amour ou Amour? Je ne vois pas beaucoup de traces d'amour dans la religion. Parce qu'elle est une institution? D'où, plutôt, des raidissements. Et, plutôt que l'amour, des conformités et des conformismes à assurer. A renforcer. Tout le temps. On passe beaucoup de temps à dire qu'on est contre l'avortement, l'euthanasie. Mais est-on aussi résolument contre la peine de mort? Aussi clairement? Par exemple...

   Est-il possible de réaliser quelque chose sans qu'il y ait, très rapidement, une institution supplémentaire? L'institution n'est-elle pas toujours un malheur, de la mort - tant, entre autres choses, elle manque de souplesse - dans ce qui était jaillissement? Ne faudrait-il pas toujours et quel que soit le domaine une révolution permanente (et tout change d'échelle)?

   La religion catholique est l'exemple même d'une religion comme institution. Ses papes sont d'abord des hommes d'institution. Bornés et mesquins. Leurs succès ont de quoi étonner.

   Mais Dieu n'a-t-il pas voulu l'institution? N'était-il qu'Amour? Ou, déjà, d'autres choses étaient-elles en route?

   Je sors un vieux texte de mon chapeau. Je pense qu'il a toujours de l'avenir - sinon, à quoi bon...? Je vous invite à suivre ce vieux texte aujourd'hui... Bonne lecture!

  

   "On énerve la religion quand on la change, et on lui ôte un certain poids, qui seul est capable de tenir les peuples. Ils ont dans le fond du coeur je ne sais quoi d'inquiet qui s'échappe, si on leur ôte ce frein nécessaire; et on ne leur laisse plus rien à ménager, quand on leur permet de se rendre maîtres de leur religion. C'est de là que nous est né ce prétendu règne de Christ, inconnu jusques alors au christianisme, qui devait anéantir toute royauté, et égaler tous les hommes; songe séditieux des indépendants, et leur chimère impie et sacrilège : tant il est vrai que tout se tourne en révoltes et en pensées séditieuses, quand l'autorité de la religion est anéantie! Mais pourquoi chercher des preuves d'une vérité que le Saint-Esprit a prononcé par une sentence manifeste? Dieu même menace les peuples qui altèrent la religion qu'il a établie, de se retirer du milieu d'eux, et par là de les livrer aux guerres civiles. Ecoutez comme il parle par la bouche du prophète Zacharie : "Leur âme, dit le Seigneur, a varié envers moi", quand ils ont si souvent changé la religion, "et je leur ai dit : Je ne serai plus votre pasteur"; c'est-à-dire, je vous abandonnerai à vous-mêmes, et à votre cruelle destinée : et voyez la suite : "Que ce qui doit mourir aille à la mort; que ce qui doit être retranché soit retranché"; entendez-vous ces paroles?"et que ceux qui demeureront, se dévorent les uns les auttres". O prophétie trop réelle, et trop véritablement accomplie! La reine avait bien raison de juger qu'il n'y avait point moyen d'ôter les causes des guerres civiles, qu'en retournant à l'unité catholique, qui a fait fleurir durant tant de siècles l'Eglise et la monarchie d'Angleterre, autant que les plus saintes Eglises et les plus illustres monarchies du monde" (Bossuet, Oraison funèbre d'Henriette de France).

   Vous avez bien lu qu'il s'agissait de tenir et d'un frein. Or, quels sont ceux qui font le malheur des peuples? Vous avez bien lu qu'il n'y a pas de religion sans politique réactionnaire. Vous voyez de quel estime jouit le peuple et à quel point il y a deux poids deux mesures. Religion, toujours sur fond de pouvoirs. Pouvoirs du Seigneur (appellation aux connotations étranges et très voyantes) et des seigneurs... Du même coup, cette religion est toujours déjà instrumentalisée.